Pride de Nuit épisode III : les queers contre-attaquent

Pour la 3ème année consécutive, la Pride de Nuit revient pour une marche à la fois féroce et joyeuse, déterminée et électrique, résolument militante. Le but : faire entendre, en marge de la plus officielle Marche des Fiertés, des revendications radicales ; remettre la politique au centre de ce qui reste, presque 50 ans après, une commémoration des émeutes de Stonewall. Comme chez Friction, on soutient cette initiative, on a décidé de publier intégralement leur appel. 

Over the Rainbow, coalition des non-conformes

Pour la troisième fois, l’organisation d’une Pride de Nuit à Paris apparaît nécessaire tant les problématiques soulevées les années précédentes demeurent et ont même été réactivées par la campagne électorale : racisme, évolution des droits insuffisante, multiplication des violences physiques comme des discours haineux, instrumentalisation de nos luttes.

De plus, les premiers signaux envoyés par la présidence Macron s’inscrivent dans le mépris de classe, dans la complaisance envers les expressions homophobes et racistes, au mieux qualifiées de « trait d’humour maladroit ».

Dans la prolongation de la répression de l’activisme de gauche.

Dans la répression des expressions politiques autonomes des minorités – sous couvert de justifications pseudo LGBTQI-friendly et féministes.

Dans le contrôle des classes populaires, notamment racisées, par une précarisation et une répression généralisée s’éloignant chaque jour davantage de toute justice.

Dans une chasse accrue aux migrantEs, réfugiéEs et sans papierEs, que ne protègent plus que la solidarité de la société civile soumise elle-même à un harcèlement politique et policier.

Dans une politique économique et sociale qui s’apprête à aggraver la fracture entre celles et ceux qui peuvent se contenter d’une politique LGBTQI des droits et celles et ceux dont les conditions réelles et matérielles d’existence en limiteront de fait la portée.

Discriminations dans l’accès à l’emploi, dans la fixation du salaire, la progression de carrière, face au harcèlement de son employeur, de ses supérieurs et collègues, outing, etc, nous, homos, trans, bi, queer, raciséEs, séropos, atteintEs d’une pathologie grave, handicapéEs, gros-ses, précaires, non-conformes aux normes dominantes, connaissons dans nos quotidiens ce que des négociations renvoyées au sein des entreprises sont susceptibles de produire de violence.

C’est pourquoi nous dénonçons l’instrumentalisation de nos luttes dans le but de déconsidérer d’autres minorités sociales ou politiques, en particulier racisées, et desquelles certainEs d’entre nous font aussi partie. Nous dénonçons les stigmatisations et discriminations qui frappent les unes comme les autres. Et soutenons leurs initiatives visant à combattre ces discriminations.

Nous refusons que l’état d’urgence soit utilisé pour contrôler les expressions des opposants politiques et limiter la liberté de manifester.

Nous refusons que des mesures isolées (y compris plus que nécessaires) soient utilisées pour se dédouaner de la tolérance de l’homophobie qu’elle vienne du plus haut de l’Etat, de groupuscules haineux ou de sphères médiatiques.

Nous combattrons les politiques antisociales qui en aggravant la pauvreté et la précarisation contribuent à l’isolement et à la vulnérabilité des plus fragiles d’entre nous. Et les privent de l’accès aux droits, au logement, au travail, aux soins, à des retraites dignes de ce nom.

Nous nous opposerons à l’uberisation des services publics, notamment de santé, d’accueil des personnes âgées, et d’éducation ainsi qu’au renvoi de la protection des travailleurSEs au self service de la puissance patronale et entreprenariale.

Nous refusons une gentrification de nos luttes, prête à jouer les faire-valoir du libéralisme économique en échange d’un libéralisme sociétal partiel qui distribuerait des primes d’intégration et de représentativité. Et retrace des frontières entre de pseudo-respectabilités.

Et nous continuerons de nous battre pour :

  • de véritables politiques publiques de lutte contre les LGBTQI-phobies et le sexisme,
  • l’accès déjudiciarisé, rapide, déclaratif et gratuit au changement d’état civil, fondé sur la seule autodétermination, et à terme l’abrogation de la mention de genre à l’état-civil,
  • l’arrêt des mutilations et des traitements sans nécessité vitale sur les personnes intersexes, et l’accès remboursé aux opérations et aux traitements pour les personnes trans qui les souhaitent,
  • l’ouverture du droit à la PMA à toutes et tous,
  • la réforme de l’établissement de la filiation et son inscription sur la base de l’engagement,
  • une politique de santé publique respectueuse de critères humains et sanitaires et non économiques,
    des moyens concrets et d’ampleur contre l’épidémie de sida,
  • l’arrêt des politiques discriminatoires, stigmatisantes et répressives contre les personnes racisées, les migrantEs, les travailleurSEs du sexe et les classes populaires,
  • la fin des politiques de précarisation,
  • une vraie politique d’accueil et d’accompagnement des migrantEs, des mesures d’urgence contre les persécutions y compris celles concernant les LGBTQI et la régularisation de tout.e.s les sans papierEs,
  • le développement des alternatives à l’emprisonnement et le respect de la dignité des personnes incarcérées et de leurs droits et accès aux traitements, y compris hormonaux.

RDV vendredi 23 juin 2017 à la fontaine des Innocents, Paris, 1er (métro/RER Les Halles/Châtelet).

Nous débuterons par des prises de parole à 18h et la manifestation partira à 19h.

Avec le soutien de : Acceptess-T, Act Up-Paris, Aides, Les Amis du Patchwork des Noms, le BAAM (Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des MigrantEs), C’est pas mon genre, le collectif Anti crasse, le Bus des Femmes, Le Collectif Intersexes et Allié.e.s, Les Dégommeuses, le Collectif Féministes Révolutionnaires, FièrEs, Femmes en Luttes 93, Gras Politique, HomoSFèRe, MIF (Musulmans Inclusifs de France), l’Association Nationale Transgenre, l’Observatoire des Transidentités, Collectif Oui Oui Oui, les Ourses à plumes, Panzy, Paris-T, Outrans, le Planning familial, la PlayNight, QueerParis, La Queer Week, RITA, le Réseau pour une gauche décoloniale, le Seum Collectif, le STRASS (Syndicat du Travail Sexuel), le T. Time, Trans Inter Action

Cet appel reste ouvert à signatures !

Contact : pride2nuit@gmail.com
sur Twitter : @PrideDeNuit

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