Quand tu clubbais version augmentée : (re)découvrez un extrait du livre de Crame

Crame est DJ et organisateur de soirées. Mais c’est aussi un garçon sensible qui écrit des jolies choses sur le monde de la nuit. Il publie une nouvelle édition de son livre, toujours illustré par Kavehrne. Redécouvrez-en un extrait dans Friction.

Quand tu clubbais revu et augmenté est en vente en ligne pour 12 € : clique ici.

Le texte commence en dessous

Rien n’allait dans les clubs. Tu ne voyais que la violence du truc. Ca commençait dès les abords de l’établissement, à l’arrivée, la manière dont les flux étaient gérés, l’agressivité de l’accueil, l’attente trop longue, le tri, les passe- droits. Non, ça commençait encore avant, plus globalement, dans l’espace public, où l’on ne circulait pas avec la même liberté, en particulier la nuit, selon son genre ou son apparence, dans les politiques d’aménagement du territoire, la gentrification à laquelle l’implantation d’un nouveau club dans telle zone participait à coup sûr, dans la structure profondément inégalitaire de la société qui faisait du clubbing le loisir d’une catégorie à l’exclusion des autres.
Rien n’allait. Dans le club lui-même, c’était le festival des problèmes, des embrouilles et des oppressions. Celle bien sûr exercée par les mecs sur les meufs, à travers leur nombre presque systématiquement majoritaire, leur façon de prendre toute la place, physiquement, symboliquement, professionnellement aussi, toute la place des line-ups et des organisations, leur comportement prédateur, leurs mille façons de dépasser les limites, la pire de toutes étant lorsqu’ils s’essuyaient sur le consentement, et toutes les excuses qui leur étaient trouvées, le silence qui s’abattait sur les affaires. Il y avait toutes les micro- agressions que subissaient les minorités, y compris dans les espaces créés par et pour elles. Les propos discriminatoires, les questions déplacées, les regards, les déguisements... La désinhibition libérait le démon oppresseur. Il y avait le manque de liberté, le flicage permanent d’agents omniprésents, leurs ordres – « par ici », « pas là », « attendez », « le ticket », « le bracelet », « pas de cigarette », « remettez votre t-shirt », « pour les filles c’est par là » (aux toilettes, à un garçon trans), « sortez s’il vous plaît » (aux toilettes aussi, accompagné de coups terrifiants sur la porte, quand on était rentré à plusieurs) – leur usage de la

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Illustration : Kavehrne

Quand tu clubbais
Textes : Crame / Illustrations : Kavehrne
62 pages – 12 €, en vente ici

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