Rencontre avec Desire, la DJ et productrice à l’initiative du collectif With Us

Du 13 au 24 octobre aura lieu la troisième édition de BIZARRE, le festival queer initié par À la folie et La Villette. Témoin de la vitalité des artistes et initiatives issu·es des communautés LGBTQIA+ à Paris et au-delà, BIZARRE entend fédérer leurs énergies pendant deux week-ends intenses. Ce sera également l’occasion d’assister à l’éclosion d’un nouveau collectif : With us initié par la DJ et productrice Desire et qui pose la question de savoir comment articuler scène club, identités et vécus trans et queer, parole et dancefloor. On a voulu en discuter avec Desire. Rencontre.

Hello Julie, est-ce que tu peux nous parler de ton parcours ?Qui es-tu ?

Salut !
Je m’appelle Julie aka Desire, j’ai 23 ans je suis une artiste trans de musique électronique. Je suis originaire de Lyon, mais j’habite depuis peu sur Paris.
Ça fait maintenant 3 ans que je suis dans la musique électronique et plus précisément on peut dire que ça fait un an et demi que je commence vraiment à trouver ma place que ce soit à titre personnel ou dans mes choix artistiques. J’ai commencé la musique via le chant et la guitare, j’ai eu un groupe de rock/ soul psyché où clairement le but était de faire danser les gens, même si ce n’était pas du tout la même énergie que je retrouve aujourd’hui.
Après mon bac j’étais un petit peu paumée et j’ai direct cherché des taffs alimentaires, car s’il y avait bien un truc qui persistait c’était mon envie d’être sur scène. La musique électronique est arrivée à ce moment-là et était comme un électrochoc (sans mauvais jeu de mot) pour moi.
À travers les soirées en club, mes écoutes frénétiques la semaine, j’ai directement senti une forme de liberté, comme une bouffée d’air. C’est devenu presque infernal pour tout le monde, la manière dont je ne pensais plus qu’à la techno.
Je me suis mise à produire et j’ai appris à mixer avec des amis. Pendant ce temps-là il se passait quelques chose en moi qui allait tout bouleverser : ma transition.
J’ai longuement réfléchi au fait que la musique et ma transition sont très liées car en effet, j’ai l’impression que sans une des deux l’autre n’existerait pas.
J’ai commencé à me trouver une place dans le milieu queer et j’ai découvert les superbes soirées queer.

Tu as une expérience de productrice en plus de celle de DJ. Qu’est-ce que cela change pour toi ?

Ce qui change pour moi c’est que je ne produis pas forcément la même musique que celle que je vais mixer.
Je mixe de la progressive/ trance/eurohouse/techno.
En bref de la musique assez mélancolique, souvent crescendo avec beaucoup de percussions, d’éléments mélodieux et de break bien cheesy.
On peut clairement dire que je choisis vraiment ce que je veux mixer, au contraire de ce que je produis et qui émane plutôt de moi.
Pour mixer j’ai besoin de m’adapter au public et même lorsque je prépare mes sets j’essaie au maximum de comprendre l’ambiance que va avoir la soirée.
Quand je produis je ne pense pas vraiment à tout ça, je me laisse aller. Parfois bien sûr on retrouve mes inspirations mais des fois je pars dans tous les sens, et c’est souvent là où je trouve que mes musiques sont les meilleures hahah.

Comment qualifierais-tu ta musique aujourd’hui ?

Ma musique a beaucoup évolué ces derniers temps, je suis passé de la micro house à 126 BPM à de la trance à 145 hahahah. Malgré ça je suis toujours amoureuse du groove, bien que je commence de plus en plus à apprécier le côté tunnel de la techno, je ne peux pas m’empêcher d’espérer faire remuer les popotins sur une basse bien ronde.
On va dire que ma musique est souvent assez kitsch, ça me fait parfois même rire lorsque je choisis une track et que je vois les réactions des gens.

Est-ce que tu peux nous parler de with us ? Il s’agit d’une plateforme pour les artistes trans et non-binaire, pourquoi est-ce important ?

With Us c’est un projet de mise en lumière des identités fluides, des identités qui transgressent, de ces identités souvent invisibilisées et pourtant si importantes. Au départ c’était seulement des interviews et des mix que je proposais à des artistes trans et/ou non binaire. Mais très vite, avec la petite équipe de Us nous avons eu un très bon feeling avec « A la folie » qui nous a proposé d’expérimenter une soirée.
Et quoi de mieux pour se sentir représenté.e que d’être sur scène. Et surtout niveau inclusivité on est sur.es d’être à la pointe puisqu’il n’y aura sur scène que des personnes trans et/ou non binaire ! Haha
Je pense que c’est nécessaire de créer un projet comme celui-ci car je me rappelle de ce sentiment de ne pas se sentir représenter et de ne pas pouvoir s’identifier à des modèles. Et je me rappelle avoir eu du mal quand j’ai commencé la techno, à trouver des personnes qui me ressemblait, car l’algorithme est bien fait , on nous voit pas ! Donc la première nécessité de ce projet est d’exister.

Peux-tu nous parler des artistes impliqué.es dans ce projet ?

Pour cette première édition il y’ aura Transterror, A-440, et moi même. On va clairement devoir se faire un topo avant de jouer, parce qu’on aime toustes la même musique hahaha.
Transterror est le guest de la soirée et je suis vraiment super heureuse de l’avoir pour cette première. Sa musique est géniale : de la trance comme on aime et c’est quelqu’un d’incroyablement gentil.

A-440 est résident.e du collectif, tout comme moi, il est donc fort probable qu’on se retrouve sur d’autres line-up des soirées With us !

La première soirée with us aura lieu dans le cadre du festival BIZARRE à la folie. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Comme je l’ai dit plus tôt « à la folie » est le premier lieu qui m’a fait confiance, mais c’est aussi le premier lieu dans lequel j’ai fait la fête à Paris, donc quoi rêver de mieux.
Plus largement le festival bizarre est une initiative que je trouve simplement géniale. Réussir à réunir pendant deux semaines, les orga queers d’une ville c’est merveilleux et ça montre bien qu’après tout on se bat toustes pour (ou contre ahaha) la même chose !
J’ai vraiment hâte de cette première édition et de pouvoir construire les prochaines. Alors rendez-vous le 14 pour une soirée L E G E N D A I R E.

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