Sabrina Bellaouel dévoile « Al Hadr » sur InFiné

Après deux EPs solos sur InFiné – We Don’t Need To Be Enemies en 2020 et Libra en 2021 – le style unique de la productrice et chanteuse franco-algérienne s’épanouit avec « Al Hadr », un album de 13 titres, incluant des collaborations avec le producteur Basile3, la DJ et productrice expérimental Crystallmess, le musicien de jazz Monomite et la chanteuse Bonnie Banane, entre autres. R&b néo-soul, transglobal punk, musique savante avec une éducation classique, gospel avec une appréciation syncrétique de la musique sacrée – cet éclectisme de genre inhérent à la génération ayant grandi avec l’ensemble du répertoire musical de notre civilisation à portée de fibre optique est loin de raconter toute l’histoire, du moins dans ce cas. Nous avons voulu en discuter avec Sabrina Bellaouel. Rencontre.

© Nina Meziani / Motoplastic 

Est-ce que tu peux revenir un peu sur ton parcours ?

J’ai commencé la musique à l’âge de 16 ans dans une chorale Gospel puis j’ai intégré un trio Punk avec deux amies dans lequel je jouais basse et chant.

Par la suite j’ai rencontré les musiciens de The Hop qui m’ont proposé de devenir la chanteuse leader de la troupe. On jouait des classiques de J Dilla, Jill Scott, The Roots, Radiohead etc…

A force de travailler avec des musiciens, j’ai appris à composer sur Logic Pro. Des chorales à 4, 5 voix puis naturellement je me suis dirigé vers de la composition sur mesure pour moi. Aujourd’hui, j’essaie toujours de garder un certain contrôle sur la composition mais j’aime beaucoup la collaboration. Je fais souvent appel à mes amis musiciens pour arranger.

Il y a de nombreuses collaborations sur cet album. Peux-tu nous en parler ? Comment cela s’est-il passé ?

J’ai eu la chance de collaborer avec des artistes que j’aime et que je respecte. Bonnie Banane est mon artiste française préférée et « Goodbye » s’est fait très naturellement. J’ai demandé à Cristal Mess de poser son texte que j’avais entendu quelques mois auparavant sur l’une de ses story Instagram. Le label m’a présenté Basile 3 qui m’a beaucoup aidé à concrétiser le propos artistique de cet album. Monomite est un ami bassiste qui a aidé à « acoustizer » certains morceaux comme « Trust » par exemple. 

Benjamin Benamou, Daniel Malet et Loubenski (avec qui nous formions The Hop) on a composé « Jah » et « Clémence ».

Il y a aussi Coffee, Mookice, Smoovbudeadly ou encore Oliver B dont on retrouve des « chutes », ils ont beaucoup compté sur l’arrangements.  

Il y a de très nombreuses influences musicales. Quels sont les genres musicaux qui te parlent ? Comment tu expliques cette variété ?

J’ai toujours été curieuse en musique, ça reflète une curiosité générale dans la maison dans laquelle j’ai grandis. J’y vois des couleurs, des images et des sensations plus que des styles. 

Il y a une dimension presque érudite… Tu peux nous en parler ?

Je reste humble par rapport à ça parce que je suis comme un enfant qui s’amuse avec des objets sur le sol de la cuisine. Mon imagination aime créer des correspondances avec différentes matières et il y’a beaucoup d’heureux accidents. 

Comment produits tu ta musique ? Parle nous de ton processus de création…

J’essaie de rester la plus libre possible.

J’enregistre beaucoup de chose au dictaphone: des mélodies, une pattern rythmique. Il m’arrive aussi d’extraire le son de certaines vidéos filmées et de les utiliser comme matière à sampler.

Ensuite c’est comme peindre un tableau mais avec des sons. Sur la mélodie j’ajoute le rythme puis je travail le propos. J’essaie de garder une innocence dans les premiers jets, c’est l’inconscient qui parle. Ensuite vient l’aspect plus technique avec les arrangements, le bpm, la question de l’autotune ou autres effets sur la voix. C’est à ce moment que l’on fait le choix d’une couleur dominante ou d’un patchwork audio phonique. 

 Quelle est la suite pour toi ? Des concerts sont-ils prévus ?

Une tournée live est prévue autour de cet album.