Spectres
Tu marches sous l’œil froid de la lune
suivant des pas que tu connais
tu repenses à ta vie d’avant
et frappé de mélancolie,
déambulant de nuit t’interroges :
que reste-t-il de cette existence,
de cette personne,
triste avatar
que tu as si vainement tenté d’être ?
– jour après jour, échec brûlant,
fantôme muet pantin blafard.
comment faire le deuil de sa vie,
de ses désirs empêchés,
de ses mensonges et de ses peines,
de toutes ses années volées ?
où ranger ces souvenirs troubles
qui appartiennent à quelqu’un d’autre
encombrants, faux, gris,
contrefaits,
t’apparaissent si étrangers maintenant ?
ils sont l’écho d’un disparu
que tu as tout fait pour détruire
enterrer
effacer
anéantir
des fragments de toi pourtant,
des spectres qui partout te suivent
à jamais irréconciliés
à jamais errant dans tes limbes.