VENTURA PROFANA : Enfant des entrailles mystérieuses de la mère Bahia (Brésil)

Ventura Profana, artiste mystérieuse auréolée de stupre, de terre et de blasphème débarque du Brésil pour s’immiscer inextremiste dans la programmation de la La Mutinerie. La diaspora brésilienne LGBTQI nous informe de cet événement à ne pas manquer et nous invite à vous présenter cet.te star do brasil.

Qui es tu ?

Enfant des entrailles mystérieuses de la mère Bahia, baptisée à l’huile de palme par les mains pentecôtistes des aînées, je suis la missionnaire Ventura Profana qui prêche en faveur des vies dissidentes, étranges et monstrueuses et revendique le droit à vivre pleinement. 

Présente-nous ton travail ?

Dans « le cantique des cantiques », performance de 35mn, je mélange des classiques de la musique chrétienne brésilienne avec des extraits de la Bible. L’œuvre dénonce le projet chrétien évangélique d’anéantissement des vies TLQGB.  Cette performance est une est un extrait de l’œuvre, « O reino das bichas » [le royaume des pédés], une satire religieuse en faveur des vies LTQBGs et qui avait originalement pour but de dénoncer le projet de « moralisation du pouvoir politique » du maire de la ville de Rio de Janeiro, Marcelo Crivella, pasteur pentêcotiste et ennemi des populations queer. Mais la performance ne reste pas bornée à un dialogue avec des institutions.

Je chante en adoration à la Déesse Travesti : « Je ne vais pas mourir ». Cette performance est avant tout un appel à la justice : arrêtez de nous tuer !!! C’est une réappropriation des restes d’une éducation évangélique qui crée des parallèles entre le génocide TLQGB et la crucifixion du Christ.

As-tu envie de nous parler de la vie des LGBTQI au Brésil ?

Ce qui se passe au Brésil maintenant est à mon avis la conséquence d’un processus de recolonisation qui commence au début du XXe siècle, avec l’arrivée des églises protestantes états-uniennes, l’église Baptiste, l’assemblée de dieu… Elles se sont incrustées dans les provinces brésiliennes, et se sont étendues partout dans le territoire. Au milieu des années 70, Edir Macedo a fondé l’Église Universelle, la principale responsable de la diffusion du néo pentecôtisme.

L’église Universelle a commencé à se démarquer de ses homologues grâce à une théologie de la prospérité, hyper-capitaliste qui a très bien fonctionné au Brésil, parce qu’elle se base sur une promesse de providence. Si on manque de services de santé ou d’éducation, si on est au chômage, s’il n’y pas d’offre culturelle autour de chez nous (ce qui reste le cas dans la plupart du territoire brésilien), la congrégation t’offrira tout ça. En tant qu’espace de socialisation, l’église fonctionne comme un réseau de soutien qui permettra, par exemple, aux individus au chômage de trouver un job grâce à ses frères de l’église.

Là où l’état ne t’offre rien, Dieu vient prendre le relai.

En retour, Dieu exige qu’on obéisse la loi qui remonte à Abraham, Isaac et Jacob, une loi foncièrement patriarcale. Ce qu’on demande en retour, c’est la sainteté – on le demande comme ça – et on crée une armée qui méprise tout ce qui est profane.

Les pratiques de sainteté sont nécessairement transphobes, racistes, misogynes et lgbtphobes, et surtout elles sont intolérantes à tout autre forme de pratique religieuse.

Cela implique une opposition aux luttes historiques pour les droits humain : le transféminisme, le féminisme noir ou les luttes des peuples amérindiens.

On peut dire que le Brésil rentre au Moyen-Âge avec ce néo pentecôtisme prenant une place équivalente à celle que l’église catholique avait en Europe jusqu’au XVe siècle qui alors a eu pour conséquences des génocides et la colonisation que nous sommes toujours en train de vivre.

Les églises néo pentecôtistes ont reçu des soutiens et des exonérations fiscales ou d’autres formes d’argent public qui ont été échangés contre du soutien politique par et pour le Parti des Travailleurs (2003-2016).

En 2002, l’équipe du Brésil a été championne du monde pour la cinquième fois. Diante do Trono, qui est le ministère de la pasteure Ana Paula Valadão, de Minas Gerais (état brésilien), a organisé un concert à Brasilia, la capitale,  entre le Congrès, le Palais présidentiel et la Cour Suprême. Elle a prophétisé que le pays serait consacré à Jésus. Ce genre de campagne de « sainteté » devient de plus en plus fréquente tout comme l’évangélisation hygiéniste, qui prophétise toujours ce destin pour la nation : le Brésil du Christ.

Et nous y voilà maintenant : le Brésil est entre les mains de Dieu.  

Lésbicas Futuristas w/ Ventura Profana + dj sets, le 18 décembre à la Mutinerie

EVENT FACEBOOK

Traduction de l’ITW : Izadora Xavier

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.