La semaine dernière notre label chouchou Warriorecords a annoncé en grande pompe la sortie d’une compilation, Rainbowarriors vol.1, en sortant le morceau « Wasted Time » de Jennifer Touch, une artiste dont la musique mêle références au post-punk et musique électronique. Le label a annoncé également une grosse tournée à venir où nous aurons la chance de découvrir ou redécouvrir des artistes qui font vivre chacun·e à leur façon la scène queer. RDV au Rex le 4 mai prochain !
Peux-tu te présenter ? Qui es-tu ?
Je suis Jennifer Touch, une artiste basée à Berlin. Je produis et j’écris des chansons et des morceaux dans les domaines de la musique électronique (body), du post-punk et de la Dark Wave. La plupart du temps, je joue ma musique en live, mais vous pouvez aussi me voir en tant que DJ. Faire de la musique est ma vie et j’aime être une artiste, même si c’est difficile.
Qu’est-ce que la « Jennifer touch » du coup ?
La Jennifer Touch est le nom d’un sentiment particulier, d’un état d’esprit et d’une âme, exprimés par la musique. C’est un sentiment fort et indépendant, mais aussi très connecté et emphatique, sombre mais pas triste. C’est aussi drôle et auto-ironique. Elle remet en question l’image de la femme, de l’artiste, de l’être sexuel, de l’objet… C’est mon sanctuaire. Vous pouvez le regarder, mais vous ne pouvez pas le toucher. Il vous touche. Ce n’est pas pour vous divertir. C’est pour tout type d’expression. La vôtre, la mienne… c’est une ligne d’amour qui part de mon cœur pour aller vers le monde.
Parle-nous du titre « Wasted time » : c’est une chanson sur les doutes…
Mon morceau « Wasted time » est un sketch que j’ai créé pendant la pandémie, alors que je vivais au Royaume-Uni. Les paroles parlent du fait de ne pas avoir confiance en son propre pouvoir et en ses capacités, de trop douter de soi. Lorsqu’on m’a demandé de participer à la complication, j’ai redécouvert l’esquisse et j’ai pu ressentir la douleur et l’espoir que j’avais à cette époque. J’ai commencé à en faire une chanson, j’ai ajouté des mélodies émotionnelles et j’ai vraiment aimé !
Le titre « Wasted time » n’est donc pas du tout une perte de temps.
Ce titre figure sur la prochaine compilation Warriorecords. Peux-tu nous expliquer comment est née cette collaboration avec le label ?
Rebeka m’a un jour contacté via Instagram et m’a demandé si je voulais participer à la compilation. J’adore sa musique et je connaissais le label, également à travers Minuit Machine, une artiste que j’adore aussi beaucoup. La collaboration est très professionnelle et c’est une belle expérience pour moi dans le milieu. Et j’aime mettre ma musique en commun avec d’autres créations. Cela permet d’établir des liens intéressants sur le plan sonore, mais aussi de faire connaître ma musique à un public plus large.
Selon toi, qu’est-ce qui rend cette compilation si unique ?
Ce qui m’attire dans cette compilation, c’est le son sombre et la diversité queer du label, ainsi que leur approche de la musique, très ouverte et expérimentale, très spéciale ! C’est très ouvert et expérimental, très spécial ! Très fort mais aussi avec de la tendresse. Et je suis très heureux de faire partie de cette incroyable compilation aux côtés d’artistes très intéressants à la frontière de l’EBM, de la Techno, de la musique électronique expérimentale et de la Dark Wave.
Peux-tu nous parler de tes influences musicales ? Comment combines-tu les références post-punk et cold wave avec des sons techno plus contemporains ?
Mes premières influences vont de Sonic Youth, Alan Vega, Elvis, PJ Harvey à Lacrimosa, Sisters of Mercy, The KLF, Modern Art, Karat, Phil Collins, Joy Division, Madonna, Depeche Mode, la techno du début des années 90, etc.
Je ne sais pas, c’est juste devenu un mélange dans mon cerveau, toutes les influences se sont combinées pour devenir mon son. Ce n’est pas un acte conscient. Certains sons et structures de synthé, certaines ambiances, certaines proportions attirent mon attention et j’essaie de créer un langage très personnel à partir de ces éléments. Il y a toujours l’aspect et l’espoir d’une romance. Une rencontre. Des sons, des mots, des paroles.
La compilation présente des artistes issus de la scène queer : cette visibilité est-elle importante pour toi ?
Oui, c’est très important pour moi. Je ne me suis jamais senti chez moi dans une société hétéro normative. Ce n’est pas naturel. La raison pour laquelle je vis une vie d’artiste est d’embrasser ma propre liberté personnelle, d’être en charge de ma vie, à n’importe quel moment, d’être libre de devenir qui je veux être. Pour moi, la scène queer incarne ce pouvoir. La force. La beauté. L’amour. Vérité. Liberté. L’art. Si précieux !
Je suis fière de trouver ma musique sur la même affiche que Minuit Machine, Rebeka, Borusiade. Ce sont tous·tes de grand·es musicien·nes et des artistes très intéressant·es et important·es pour la scène. Nous ne pouvons pas travailler et vivre avec le système binaire et le sexisme du business de la musique, ces structures sont encore bien trop présentes et les gens ont besoin de reconnaître plus de diversité dans la musique, surtout dans la scène dark.
Quels sont tes projets à venir ?
Je suis actuellement en tournée en Europe et je vais prendre un peu de temps à mon retour pour finaliser quelques chansons pour un EP sur lequel je travaille. Je vais faire quelques concerts avec Paranoid London et j’aimerais faire une autre tournée en été/automne et je vais y travailler avec mon agent. Je pense aussi de nouveau au Mexique. Je veux suivre le courant pour pouvoir créer des choses. J’aime être sur la route mais je veux aussi m’asseoir dans mon studio et créer. Écrire, composer. Mais l’objectif est aussi de gagner assez d’argent pour vivre une vie saine et équilibrée avec ma musique. Les choses doivent changer maintenant.
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