White Blood, Blue Night : Les sorcières s’invitent au CAC La Traverse

Jeudi 18 Janvier de 18 à 22h aura lieu le vernissage de l’exposition White Blood, Blue Night au CAC La Traverse. Pensée par Julie Crenn, cette exposition explore des représentations et pratiques de la sorcellerie autours du travail de 20 artistes.

ARTISTES

Martine Aballéa – Giulia Andreani – Raymonde Arcier – Béatrice Cussol – Camille Ducellier – Vidya Gastaldon – Mélanie Lecointe – Pascal Lièvre – Lydie Jean-Dit-Pannel – Myriam Mechita – Myriam Mihindou – Elena Moaty – Agathe Pitié – Stefan Rinck – Buhlebezwe Siwani – Skall – Sarah Trouche – Floryan Varennes – Adrien Vermont – Jean-Luc Verna.

Vidya Gastaldon, Let it god (Santa Table), 2013 © photo Fabrice Gousset

TEXTE DE L’EXPOSTION

« La magie a souvent été pensée comme l’art de faire devenir vrais les rêves : l’art de réaliser les visions. Mais avant de rendre réelle une vision, nous devons la voir. Nous devons avoir de nouvelles images à l’esprit, nous aventurer dans un paysage transformé, raconter de nouvelles histoires. »

Starhawk. Rêver l’obscur – Femmes, magie et politique (1982).

Depuis l’Antiquité, les sorcier.e.s sont littéralement les « diseur.se.s de sorts ». Leur existence et leur représentation cristallisent une peur collective intrinsèquement liée à celle d’une perte de pouvoir, à la possibilité d’une déstabilisation du groupe dominant. En 1980, Maya Deren écrit : « Etant donné que la voie normale est la seule possible, la simple existence d’un autre ordre capable de fonder la vie représente une menace et une source potentielle de destruction. » Une menace et une peur qui traversent une histoire frappée de violentes persécutions et tortures. L’imaginaire collectif associe les chasses aux sorcières au Moyen-âge en Europe, pourtant, c’est au XVIe qu’elles connaissent leur apogée. Les chiffres varient selon les historiens, entre 40 000 et 100 000 sorcières ont été assassinées, brulées. Les sorcières représentaient et représentent encore aujourd’hui une menace du fait de leurs savoirs. A l’écoute de la Nature, elles se transmettent entre elles leurs connaissances des plantes, du ciel, de la terre, du Vivant. Le savoir, qui traverse le temps et la géographie, engendre alors des pouvoirs comme celui de guérir, celui de deviner, celui d’être indépendant des figures dominantes détenant les territoires dogmatiques et interdépendants comme la morale, le pouvoir politique, la religion, l’argent et la médecine. La reconquête de ces territoires participe à la construction d’un imaginaire protéique défiant toute forme de domination, d’autorité et de violence. Un imaginaire sans limite, sans norme, sans interdit. Les sorcier.e.s sont des figures résistantes, solidaires, militantes, insolentes, agissantes.

Buhlebezwe Siwani

 

En Occident, les sorcier.e.s sont exclu.e.s de la société. Ils.elles remettent en cause l’ordre établi, le système capitaliste, néolibéral, les différentes formes d’exploitation des ressources naturelles (végétales, animales, humaines), le récit de l’Histoire et les pouvoirs participant activement à la hiérarchisation du Vivant. Leurs rites, leurs références et leurs imageries attestent de liens profonds avec la nature et la condition humaine. Ainsi, les végétaux ont des pouvoirs guérisseurs, les femmes sont des figures puissantes, les esprits ne sont pas uniquement malfaisants, les animaux sont des alliés protecteurs. Parmi les nombreux rituels pratiqués, la constitution d’un cercle magique apparaît comme un moyen intense de lutter contre une douleur, une peur, une injustice, un fantôme. L’exposition White blood, blue night est envisagée comme un cercle magique, un cercle mental à l’intérieur duquel sont présentées les œuvres d’artistes dont les histoires, les expériences et le luttes propagent une multiplicité d’énergies. Ils.elles participent chacun.e à leur manière de résistances liées au soin, à la spiritualité, aux corps, à l’écologie, au politique, à l’Histoire, à l’économie, au féminisme, aux sexualités, aux genres.

Jean-Luc Verna, Carte postale du passé, 2013 © photo Marc Domage

 

Pour combattre un mal, une peur, une oppression il faut les nommer et les voir. Émilie Hache (philosophe écoféministe) écrit : « Nommer la peur, nommer ce qui rend chacun.e d’entre nous impuissant.e, puis nommer ce qui rend puissant.e, est un acte de magie et un acte politique pour les uns-es, un acte (uniquement) politique et féministe pour les autres Il reste que s’est inventé là un besoin partagé par toutes de faire prise sur cette chape de plomb. » Pour une résurgence des consciences politiques, pour sortir des normes, pour libérer les imaginaires : la résistance, la réaction, la lutte, la désobéissance, l’impertinence, la transgression et la résilience sont invoqués. Le cercle est un moyen de résistance à la fois personnel et collectif. Il autorise la transformation de soi et du monde par le corps, l’image et le langage. Starhawk (sorcière écoféministe) parle de « créer une vision […] pour changer la conscience et réveiller le pouvoir-du-dedans ». Les artistes s’inscrivent dans un mouvement de refus des dogmes, des normes oppressives, des censures, de la standardisation des discours et des formes. Le cercle agit, libère et transforme.

Julie Crenn

Commissaire de l’exposition : Julie Crenn

Artistes : Martine Aballéa – Giulia Andreani – Raymonde Arcier – Béatrice Cussol – Camille Ducellier – Mélanie Lecointe – Pascal Lièvre – Lydie Jean-Dit-Pannel – Myriam Mechita – Myriam Mihindou – Elena Moaty – Agathe Pitié – Buhlebezwe Siwani – Skall – Sarah Trouche – Floryan Varennes – Adrien Vermont – Jean-Luc Verna

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