Le Whole Festival à Ferropolis, à quelques encablures de Berlin est le plus gros festival queer au monde. Des membres de Friction se sont glissé·es parmi les participant·es et Leslie nous fait partager ses sensations et émotions dans cette série d’articles. Aujourd’hui, c’est le dernier jour et donc l’heure de réfléchir aux petits excès de la veille.
Le Whole, c’est intense. Intense parce qu’il y a des choses à voir toute la journée et toute la nuit, intense parce qu’il y a des consos qui amusent mais abîment, intense parce qu’il y a des rencontres en nombre infini mais qui ne sont pas, bien souvent, de tout repos.
Je me demande, alors que je n’ai pas dormi depuis 48 heures, comment j’aurais vécu le festival si j’avais eu 10 ans de moins. Si j’avais été celle que j’étais, celle qui voulait tout voir, tout faire, tout prendre, tout expérimenter. Qu’on se comprenne bien, ce ne fut pas une partie de repos. Mais il y a dix ans, est-ce que j’aurais accepté de passer un moment à simplement rester nue à l’ombre des arbres au bord du lac alors qu’à une vingtaine de minutes se déroulent DJ set et workshops ? Je ne pense pas. Je n’ai peut-être pas dormi, mais j’ai essayé. Cette tension à toujours faire plus, à toujours prendre plus, à user son corps jusqu’à la corde, heureusement qu’elle m’a quittée.
Je raconterai plus tard, peut-être, ma folle journée de dimanche. Ce que je peux en dire sans rougir, c’est que j’ai pris le temps de me reposer, quand même un peu, j’ai essayé. Les excès mais pas trop.
Pour tout dire, je suis même rentrée au campement pour tenter de dormir avant de me lever à 4h pour le set incroyable d’Octo octa et Eris Drew. Je crois que si j’étais allée au Whole à 25 ans, je me serais endettée sur trois générations et j’aurais probablement finie dans un coin, trop défoncée pour profiter de quoi que ce soit.
Le Whole, intense, cher, compliqué, tout ce qu’on veut. Mais tous les excès ont, après la dernière nuit, une saveur si douce. Un moment que l’on a partagé ensemble dans une bulle d’amitié, de danse et de musique. Alors non, je n’ai pas fait tous les workshops, je n’ai pas écouté le tiers des artistes, je n’ai peut-être pas exploré jusqu’au bout la liberté qu’offre ce festival. Mais je sais que c’est une parenthèse qui aura définitivement changé quelque chose en moi.
J’y ai noué des liens que seule peut construire une bienveillance à toute épreuve entre une bande d’ami·es, même pas si proches que ça à l’origine. J’y ai appris des choses sur moi que je ne soupçonnais pas et qui m’ouvrent des mondes que je veux arpenter. Il y a la fatigue, il y a les montants astronomiques dépensés, il y a les consos, l’alcool. Mais il y a tellement plus, tellement de choses que, une fois le festival fini, je n’arrive pas à mettre en mot. Mais les images qui traversent mon esprit et me s’imposent à moi comme des choses qui m’ont changée, je sais qu’elles m’auront changée pour toujours.