[ATELIER D’ÉCRITURE] « Elle crie. Elle crie au milieu de la piste de danse depuis plus de deux heures maintenant… »

Le texte suivant a été écrit lors de l’atelier d’écriture en ligne du 19 novembre dernier. Les participant-e-s ont écrit à partir de la photo suivante.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 126118903_751296032402452_5890056541175531647_n-1024x683.jpg.
(c) Gaëlle Matata

Elle crie. Elle crie au milieu de la piste de danse depuis plus de deux
heures maintenant. Elle aura bientôt plus de voix, mais elle continuera
de crier quitte à faire fuir les dernières personnes, exténuéEs par sa
vigueur. Elle danse aussi. Son t-shirt est trempé, elle n’arrête pas de
bouger, en haut, en bas. Ses bras moulinent, ses pieds avancent et
reculent. Elle kiffe. C’est sûr. Et elle s’en fout des regards amusés.
Et elle s’en fout de la fame parisienne qui en feront leur quatre heure,
elle s’en fout d’être la délurée, la pauvre meuf qui a tout donné.
Qu’iels aillent bien s’emmerder à se toiser dans leur réssoi branchées
où la sappe prévot.

Elle lève son poing au refrain d’Amel Bent.

Je la regarde du bar. C’est moi la pauvre meuf. Pas foutue d’abimer un
peu son ego pour se lancer. Pas foutu de lâcher, de franchir cette
purain de ligne rouge. Je connais trop la honte, sans jamais la vivre
vraiment, bien au chaud sur mon tabouret. Je reste au bar, parce que je
crois que ça fait de moi quelqu’une de cool et parce que je meurs de
trouille de m’amuser, comme si j’allais perdre toute ma dignité. Quelle
dignité ? 

Elle lève encore le poing. Et elle touche le point sensible.
Je reste au bar. Et ça me coute tellement reuch ! À 7 balles la bière,
chaque soir ma jauge de RSA diminue. Je me trouve pathétique, toujours
bien au chaud sur ce tabouret. Cent fois mon cul sur le rebord a faillit
se lever. Cent fois mes jambes l’ont bloqué.

Fiso

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