Lors du troisième atelier d’écriture en ligne que nous avons organisé, les participant.e.s ont écrit à partir d’un extrait de dialogue tiré de la pièce Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce. Voici le texte écrit par Po.
– Qu’est-ce que tu en penses?
-Moi?
-Oui, toi. Qu’est-ce que tu en penses?
-Oh moi, ce n’est pas très important. J’aimerais qu’on en finisse, je crois, chacune de son côté désormais.
-Tu dis ça toujours.
-Quoi?
-Que toi, c’est pas très important. T’es une connasse de me dire ça, tu sais ce que ça dit ça, tu sais ce que ça veut me faire dire.
-Me traite pas de connasse, espèce de connasse.
-On n’avance pas, tu voudrais toujours que je fasse comme toi, que je dise des choses définitives. Qu’on se plante sur le front un adieu comme un drapeau, les yeux dans les yeux, et qu’on saute sous un train. Tout ça parce que tu veux pas parler, je veux pas mourir parce que tu veux pas parler. J’ai besoin de comprendre et toi tu veux juste finir.
-Je suis fatiguée.
-Parce que moi je suis en forme? Je suis en forme de colère oui, et on se dit pas au revoir comme ça, une fatiguée une en colère, on bâcle pas quand on s’est aimées, on respectes ça, on marche pas sur le tapis avec des pompes pleines de merde pour venir ensuite se plaindre que ça daube et qu’on est trop fatiguée pour nettoyer.
-Oui, mais je suis fatiguée. Et je crois que ça sert plus à rien.
-Quoi qui sert plus à rien?
– ça, tout ça, parler, comprendre, pas comprendre, nettoyer le tapis, tout ça, ça sert à rien. Ce qui sert maintenant c’est le silence, c’est partir, c’est ne plus perdre son temps à nettoyer indéfiniment la même merde sur le même tapis qui pue toujours autant tous les jours.
– Si tu fais ça, c’est que tu m’abandonnes.
-Tu me fais chier.
– Sur le tapis, oui tu chies toujours sur le tapis.
Po