[ATELIER D’ÉCRITURE] « Une ambiance de dingue, cette manif’ ! »

Le texte suivant a été écrit lors de l’atelier d’écriture en ligne du 19 novembre dernier. Les participant-e-s ont écrit à partir de la photo suivante.

(c) Gaëlle Matata

« Une ambiance de dingue, cette manif’ ! » « C’était beau » « C’était fort » Les phrases s’enchaînent et chacune semble complimenter un peu plus que la précédente. Dans le brouhaha euphorique qui l’entourent, elle essaye tant bien de continuer sa conversation téléphonique. « T’aurais kiffer, c’est sûr ! » crie-t-elle la main en cloche entre sa bouche et l’appareil comme pour indiquer au son le chemin qu’il doit prendre. « Oui, la prochaine, c’est sûr tu seras là ! Ne t’inquiète pas. Oui je profite pour toi aussi. On se rattrapera ! »

-Margot, tu viens ?

Dans un « je dois te laisser », elle raccroche et rejoins la foule compacte qui s’entasse dans le bar. L’ambiance continue d’être festive et l’alcool coule déjà le long des nombreux gosiers irrités d’avoir scandé avec tant de véhémence. Elle se faufile entre les corps qui dansent, est obligée de toucher des bras qui collent, mélange de sueur et de pluie. Elle s’en moque. Sous les néons rouges, Ça sent le fennec et la bière renversée, mais ça sent surtout la fierté et la sororité. Du coup, elle respire à plein poumons. Elle veut s’imprégner de chaque moment de cette journée mémorable. Aujourd’hui, les femmes se sont unies et ont marché ensemble, pour dénoncer le patriarcat, les injustices, les violences sexistes et sexuelles, les femmes se sont unies et c’était sacrément beau !

Elle inspire, elle rigole, elle boit, elle voit ces sourires se dessiner sur tous ces visages, elle embrasse ses ami.e.s de cette étreinte qui remercie d’être là autant qu’elle veut donner tout ce que son petit cœur contient. Il est d’ailleurs prêt à exploser. Elle jouit de chacun de ses sens le bonheur d’être là, ici, maintenant. Elle n’en peut plus, c’est trop d’émotion enfermée dans son corps, dans son cœur, dans ça tête. Il faut que ça sorte ! Portée par cette euphorie grisante, elle monte sur la table et étonne l’hymne des femmes. Dès les premières notes, l’assemblée se joint à elle et le bar entier se transforme en une chorale puissante. Elle ferme ses yeux et renverse sa tête. C’est si bon. Le chant l’enveloppe, elle ne touche plus terre. Elle est loin.

Sandrine

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