Bienvenue au Cabaret des Merveilles

Nous rencontrons Maïa, Jay et Soa un mardi après-midi pour en apprendre plus sur le Cabaret des Merveilles, un nouveau lieu queer féministe dédié aux personnes lesbiennes et trans qui vient d’ouvrir à Paris. 

Illustration ©Peter Trelcat pour Friction

Maïa commence par nous raconter la genèse du projet. Après avoir travaillé plusieurs années dans la restauration, elle a eu envie d’ouvrir un lieu avec sa meilleure amie, Carole, co-organisatrice des soirées Monts et Merveilles. Les soirées Monts et merveilles étaient déjà destinées à un public lesbien et trans et l’idée du bar était de poursuivre cette dynamique. Jay les a rejointes, avec Soa, et iels ont mis toute leur énergie ensemble pour ouvrir ce lieu unique. « On est vraiment une équipe très soudée qui ne compte pas son temps ni son énergie » nous explique Maïa. Si c’est elle qui a acheté le bar, c’est bien un projet qui se construit et se développe à quatre. Quant au nom, Cabaret des Merveilles, il garde une trace des soirées Monts et merveilles qu’organisaient Carole et Lou. 

Une oasis à l’écart des discriminations du dehors 

Soa nous explique aussi que ce qui caractérise le lieu c’est d’être dédié à la communauté queer. « Les mecs cis gay ont déjà de nombreux lieux pour se retrouver et faire la fête, ils ont même de superbes saunas, en comparaison, le constat est assez dramatique quand on voit qu’il n’y a que trois lieus lesbiens et trans à Paris et aucun dans certaines grandes villes de France. » L’envie de faire vivre le Cabaret des Merveilles vient de la volonté de faire vivre un lieu pour les personnes trans et les lesbiennes. Si le lieu est dédié à ces publics, il accueille toutefois des allié·es. « On ne cherche pas à demander qui est de quelle orientation sexuelle quand une personne se présente au bar » résume-t-elle. 

«On manque vraiment de lieux et c’est le beau reflet des discriminations et de qui a le plus de pouvoir même au sein de la communauté LGBTQIA+. On voit bien qu’il y a beaucoup plus de lieux pour les hommes gays que pour les personnes qui s’identifient comme lesbiennes.» Soa n’est pas dupe, l’ouverture du Cabaret des Merveilles ne suffira pas à rééquilibrer la balance mais elle permet de proposer une oasis au plus loin des discriminations du dehors subies par les personnes lesbiennes et trans. Cela signifie d’être particulièrement vigilant·es sur la façon dont se comporte les gens une fois dans le bar. « On essaie de proposer quelque chose qui soit le plus safe, le plus joyeux et le plus lumineux possible. » Même au sein de nos communautés, les personnes trans peuvent être mégenrées ou discriminées, c’est pourquoi l’équipe du Cabaret des Merveilles insiste tout particulièrement sur le fait d’être un lieu qui leur soit dédié. « C’est une communauté qui souffre d’autant plus du manque de lieux safe »

Un lieu pour les lesbiennes, les personnes trans et leurs allié·es

Se pose alors l’épineuse question de la mixité. Les hommes cis gay sont les bienvenus dans l’établissement mais à des moments spécifiques voire dans des espaces spécifiques de l’établissement. « On pratique la non-mixité en fonction de certains événements pour tout ce qui va être lié à l’érotisme, toutes les discussions autour de l’intime ou de la sensualité. C’est aussi le cas pour les ateliers de dessin de nu artistique. On a deux associations qui interviennent et les ateliers sont en non-mixité. » Non-mixité sur certains événements mais aussi parfois en fonction des différents espaces du bar. Le lieu est grand et sur deux niveaux ce qui permet de créer des espaces différents en fonction de la programmation. « On a la chance d’avoir des espaces assez divisés donc on peut créer des espaces en non-mixité tout en gardant un oeil sur les hommes cis qui viendraient boire un verre ou jouer à un jeu de société.» Maïa complète : « On ne veut pas non plus se retrouver à faire la police. Je n’ai pas envie en accueillant à la porte de demander comment s’identifie une personne. On est plutôt souple au niveau de notre accueil, par contre, on présente toujours le lieu. L’idée ce n’est pas de créer une nouvelle discrimination en posant des questions intimes à des gens qui n’ont rien demandé. » Pour résoudre ces questions épineuses de l’accueil des publics, l’équipe préfère poser des questions plus générales et demander si les gens qui se présentent connaissent le Cabaret des Merveilles. Ce sont les réponses et les comportements en réaction à cette présentation qui va déterminer si une personne peut ou pas fréquenter l’établissement. 

« Il y a des allié·es qui peuvent être très importants. Une femme lesbienne très jeune accompagnée de son meilleur ami mec cis, par exemple, j’ai envie que cet allié se sente le bienvenu pour qu’elle se sente à l’aise elle aussi. En revanche, si quelqu’un se comporte de manière problématique, il n’y a pas de deuxième chance pour la soirée, c’est ciao.» nous explique encore Maïa. 

Se rencontrer 

Dans les temps forts à venir, il ne faut pas louper la soirée Hot shot play du 30 mai prochain. C’est une soirée consacrée à la rencontre autour de la sensualité et de l’érotisme. Au programme : speed dating, initiation au shibari, création de bougies, etc. « L’idée de cette soirée, c’est vraiment de créer plein d’ateliers brise glace pour faire des rencontres plus facilement. Ce n’est pas toujours facile, quand on se pointe dans un bar de faire des rencontres, donc on avait envie de créer plusieurs événements dans le mois pour faciliter les rencontres autour d’ateliers et de jeux. » L’autre avantage du Cabaret des Merveilles c’est qu’il accueille des soirées et des événements tous les soirs. Il y en a donc pour tous les goûts. Pour l’instant, la programmation s’est surtout faites avec les gens qui gravitaient autour de l’équipe mais le lieu a vocation à accueillir tout type d’initiatives comme des rencontres associatives ou des ateliers en tous genres. Nous serons présent·es au Cabaret des Merveilles pour un atelier d’écriture le 30 juin prochain. Le rendez-vous est pris.