En résidence à la Frégate pour un an renouvelable, l’association queer Bocal, une compagnie de théatre qui offre toujours les frites, y organise des évènements collectifs, appelés « Dame de… » (pique, cœur…). Nous avions assisté à celui ayant pour thème Colères, indignations, fiertés et courages, qui avait lieu en mai dernier. Nous y avons découvert l’énergie en danseuse de leur spectacle immersif « C’est moi Antigone? » titre provisoire, réinterprétation-casting de l’Antigone de Jean Anouilh, ainsi que la lecture captivante d’extraits de textes de Laurène Marx et Tal Madesta par Mariochka, une performance-sculpture en faïences brisées de Sara Lucas Agutoli , co-résidente, et d’autres lectures de textes originaux d’Elsa Madeleine, de Nicole Mersey Ortega, de Javan et des moments musicaux d’Adèle et de Maurice Marius.
Lundi, on a pris un sirop d’orgeat avec elles pour en parler, et découvrir tous les projets de Bérengère et Adèle (Bocal au complet), débarquées du GEIQ Théâtre Compagnonnage à Lyon. L’occasion aussi de comprendre ce que c’est que la Frégate et ce qu’elles comptent y faire.
La Frégate, c’est un lieu de résidence artistique situé dans le local en rez-de-jardin d’un immeuble d’habitation HLM situé au 13 avenue Jean Moulin, 93100 Montreuil, donc assez loin du Montreuil supra gentrifié. L’immeuble est anciennement destiné aux retraités du BTP, et les personnes d’un certain âge sont encore en majorité parmi les habitant·es. Le local est devenu un endroit artistique il y a peu, et tout l’enjeu, nous explique Bérengère, c’est de réussir à intégrer les habitant·es dans ce choix imposé par le bailleur, voire même de créer des évènements avant tout pour elleux.
Ce week-end, vendredi 9 et samedi 10 juin à 18h, elles y proposeront leur bingo « Coup de Foudre au Sommet », une pièce qui prend la forme d’un bingo pour questionner les rapports de pouvoir et notamment les relations toxiques qui sont liées au pouvoir et comment se sortir de ce schéma répétitif grâce au collectif avec une grosse dose d’absurde et d’humour. Les spectateur·ices seront aussi joueur·euses et pourront gagner des lots. Durée : 1h15, en plein air, et toujours avec des frites.
« Moi aujourd’hui de ce que je vois dans l’art vivant, j’ai l’impression qu’il y a rapport au constat qui est très fort [sur l’état de notre société, sur l’état du monde] de : c’est comme ça aujourd’hui, c’est dur, c’est violent, et ce sont des choses hyper nécessaires à soulever, mais par contre, je suis plombée. Je peux sortir de certaines formes et me dire ben merde ouais, c’est une galère sans nom, on ne va pas y arriver. Et l’enjeu qu’on a avec Bocal c’est d’essayer — et on n’a pas la prétention de dire qu’on y arrive — de trouver une espèce d’ouverture sur nos spectacles, parce que déjà pour moi aujourd’hui c’est trop nécessaire pour tenir. Parce que sinon je brûle, en fait, tout simplement. Et donc dans nos formes il y a cette envie de dire « allez, on va trouver » c’est trop important pour moi. Et on n’est pas naïves là dessus, bien au contraire, on a trop besoin de créer un sas et d’humour et de fun.»
Rendez-vous ce week end pour « Coup de Foudre au Sommet » avec Jul (au premier plan sur la photo, pas le rappeur Marseillais du coup) vendredi et samedi à 18h. Découvrez aussi la suite de « C’est moi Antigone? » titre provisoire, qui tente de déjouer les stéréotypes physiques et moraux de notre société les 24 et 25 juin