« C’est au sein de la famille que se jouent de façon la plus criante les discriminations entre femmes et hommes. » : WeToo Festival, le rendez-vous féministe et familial

Du 9 au 11 septembre prochain se tiendra à la Cité Fertile le WeToo Festival. Rendez-vous féministe et familial, le WeToo Festival propose à travers une programmation pluridisciplinaire adressée aux enfants, aux adolescent.e.s et aux adultes, de questionner dans la joie et le partage ce que nous sommes et ce vers quoi nous tendons individuellement et collectivement. Nous avons rencontré Del Kilhoffer, l’une des fondatrices du festival pour en savoir plus.

Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre rôle dans le festival ?
Je m’appelle Del Kilhoffer, j’ai travaillé dans le spectacle vivant et l’événementiel avant de m’engager dans l’aventure du WeToo Festival. En tant que féministe convaincue, militante LGBTQIA+ de longue date, mais aussi maman d’une fille de 7 ans, la création d’un festival à la fois féministe et familial ne pouvait que me séduire.
Avec les 3 autres créatrices, Sephora Haymann, Cécile Martin et Caroline Sahuquet, nous fonctionnons de manière horizontale. C’est un choix idéologique pour nous éloigner autant que possible d’une structure patriarcale. Nous sommes donc toutes impliquées dans l’organisation générale, la recherche de financement et la programmation. Je suis plus particulièrement responsable des contacts avec les partenaires extérieurs.

Pouvez-vous présenter un peu plus précisément l’initiative ?
Le WeToo est donc un festival féministe et familial, avec une approche résolument pluridisciplinaire. Nous proposons pendant 3 jours une sélection de spectacles, ateliers, performances, concerts… Nous avons une triple exigence dans notre programmation : la qualité des productions, leurs thématiques féministes (au sens intersectionnel) et leur capacité à rassembler des publics différents. Nous sommes par exemple particulièrement attentives à avoir des propositions fortes pour le jeune public et les adolescent.e.s. 

Nous offrons aussi une possibilité de garde d’enfants gratuite sur site, sur présentation de votre billet pour un spectacle – en donnant la priorité aux parents isolés, qui sont plus souvent exclus du monde culturel.

© Hélène Martin

L’accent est mis sur la dimension familiale de l’événement. Pourquoi ?
Parce que c’est au sein de la famille que se jouent de façon la plus criante les discriminations entre femmes et hommes. Il y a bien sûr la charge mentale, mais aussi la violence au sein des foyers : doit-on le rappeler, une femme meurt tous les 3 jours en France des mains de son compagnon ou ex-compagnon. Plus de 8 millions de français.e.s ont été incesté.e.s.
Mais aussi parce que nous sommes tou.tes issu.e.s d’une famille. Le rapport à nos parents et à notre famille élargie définit souvent notre rapport aux relations femmes-hommes et au genre – que ce soit par mimétisme ou au contraire en réaction contre. 

Enfin, nous pensons essentiels de questionner l’éducation et de façon générale la manière dont nous élevons les enfants si nous souhaitons faire évoluer la société et penser ensemble d’autres modèles familiaux, plus inclusifs.

Vous mettez en avant l’importance des récits intimes que le système dominant a silenciés. Vous pouvez nous expliquer ?
C’est au coeur de ce qui a été dénoncé par les différents mouvements #MeToo. En refusant d’entendre les victimes et de condamner les violences qu’elles dénoncent, c’est la société tout entière qui se dédouane de sa responsabilité dans les violences patriarcales. Il est fatiguant de noter que les médias et les politiques continuent de parler de libération de la parole : en vérité, c’est les oreilles qui doivent se déboucher ! Les victimes ne sont pas entendues, 1% seulement des plaintes pour violences sexuelles font l’objet de condamnation. Quand on sait le poids moral et psychologique d’un dépôt de plainte, c’est du foutage de gueule. On voit bien que le problème est systémique et qu’il s’agit effectivement de silencier les récits. C’est aussi un aspect que met très bien en lumière l’extraordinaire travail de la CIIVISE autour de l’inceste.

© Cindy Doutres



Le nom du festival fait référence à Metoo. Que pensez-vous du backlash qui se dessine suite à cette libération de la parole féminine/féministe ?
Ce backlash est très logique. Quand un mouvement militant vient remettre en question la place des dominants, celleux-ci ne vont pas soudainement déclarer : « Oups, pardon, nous ne nous étions pas rendu compte que nous mettions en œuvre des mécanismes discriminants. Nous allons faire le nécessaire pour que cela cesse. » Ce serait super si ça se passait comme ça, on en rêve, mais évidemment la réalité est tout autre. Les personnes en position de pouvoir essaient de discréditer les « méchantes » féministes qui interrogent l’organisation sociale patriarcale. Si ce backlash a quelque chose de positif, c’est de montrer que nous appuyons là où ça fait mal.

Pour finir, pouvez-vous nous parler des temps forts du festival ?
Difficile de faire un choix ! La soirée d’ouverture va être un moment engagé et fun comme nous les aimons au sein du WeToo : elle s’ouvrira avec le spectacle A nos humanités révoltées basé sur les poèmes de Kiyémis, suivi du concert de rap anti-patriarcat de Neige et pour finir avec un show burlesque inclusif, Culotté.e.s 

Pour les enfants dès 5 ans, nous avons différentes propositions, mais on peut citer Keo, la princesse qui n’aimait pas les princes. Enfin, il y a plusieurs temps de rencontre avec les penseur.ses du féminisme d’aujourd’hui : Elise Thiébaut, Mai Hua, Tad Malesta, Axelle Jah Njiké, etc. Mais je ne peux qu’inviter vos lecteurices à aller regarder le détail de la programmation sur notre site !

La prochaine édition du WeToo Festival aura lieu du 9 au 11 septembre 2022 à la Cité Fertile à Pantin.

L’entrée sur le site de la Cité Fertile est libre et gratuite. Les propositions artistiques en extérieur et les tables rondes sont libres et gratuites.

Infos : https://wetoofestival.fr/

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