Flee a fait le tour des festivals de cinéma du monde entier depuis maintenant un an. Passé par Sundance, Cannes puis nommé plusieurs fois aux Oscars, le long-métrage réalisé par Jonas Poher Rasmussen raconte l’histoire vraie d’Amin Nawabi (pseudonyme), réfugié afghan.
À travers ce documentaire – film d’animation, nous suivons ses souvenirs parfois troubles et qu’il peine à raconter : l’avion au départ de l’Afghanistan en guerre, les différentes tentatives pour passer la frontière russe mais aussi les quelques morceaux d’enfance, époque où il réalise qu’il est homosexuel grâce à son attirance pour Jean-Claude Van Damme et les stars bollywoodiennes. La narration du film est donc une série de flash-back qui s’entrechoquent avec le présent. Car désormais adulte, Amin tente de vivre une vie ordinaire avec son concubin danois, Kasper.
Ce qu’il y a d’incroyable avec Flee, c’est sa propension à être un film d’animation magnifique, aux dessins sublimes mais qui n’oublie pas sa part documentaire. À vraie dire, les images semblent suivre les voix, le discours d’Amin. Le style graphique se métamorphose parfois afin d’illustrer au mieux les sentiments et la confusion de sa mémoire, notamment avec des extraits faits de silhouettes crayonnées, légèrement assombries de gris et de noir. Cela porte le récit d’une façon très sincère, où l’esthétique ne vient jamais s’imposer aux confessions du personnage principal.
Au-delà des mots, au-delà de sa qualité de grand film, Flee narre avec précision le parcours des personnes exilées, d’aujourd’hui et d’hier mais aussi la violence des états, de la police et des frontières.