Dope Saint Jude (Catherine Saint Jude Pretorius) est une artiste et rappeuse originaire de Cap Town en Afrique du Sud. Née et élevée au Cap où elle forge son identité, elle vit actuellement à Londres où elle exprime son art et son attachement à ses racines. Dope Saint Jude commence à rapper en tant que drag king au Cap. Elle fonde en 2011 le tout premier collectif du pays. Véritable autodidacte, elle explore et apprend la production musicale avant de lancer sa propre musique sous le nom de Dope Saint Jude.
En 2019, Dope Saint Jude s’impose comme une bête de scène avec sa première tournée dans plus de 50 salles et scènes en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, au Portugal et au Royaume-Uni, dont le Printemps de Bourges, le Festival de Dour ou encore la Fête de l’Humanité. La jeune rappeuse est motivée par le besoin de créer une oeuvre authentique qui reflète son expérience vécue. Son univers musical est éclectique, s’inspirant des artistes comme Bikini Kill, Mykki Blanco, Kanye West, Alanis Morissette, M.I.A et Santigold. Elle a l’ambition d’utiliser la musique comme moyen pour donner un sens à son monde, se responsabiliser et, par conséquent, sensibiliser les autres. L’attention qu’elle porte aux sujets tels que la joie, l’amour de soi et le women empowerment, a été décrite par Dope comme un « acte politique, parce que le monde m’a laissé croire que je n’étais pas digne de
cela et ma musique est mon défi. Je suis digne de toute la beauté que ce monde a à offrir ».
Son EP Higher Self sorti ce printemps est une méditation sur les valeurs qui gouvernent sa vie. Elle honore ses ancêtres avec « War » et met l’accent sur l’importance des rêves avec « You’re Gonna Make It/Higher Self » et sur l’intimité et le réconfort d’une relation avec le titre « Home ». Dope Saint Jude entre dans une nouvelle ère, elle a mûri et s’est imposée dans ses choix artistiques et sa musique. Nous l’avons rencontrée.
Parle-nous un peu de toi. Quel est ton parcours ?
Je suis une artiste musicale du Cap. J’ai commencé en tant que drag king pendant un an, puis je me suis mis à faire ma propre musique. Ma musique est une combinaison de hiphop, d’électronique et d’alternatif.
Peux-tu nous parler un peu de Higher Self ?
Le projet a été créé pendant le confinement. C’est un projet beaucoup plus mature que mes précédents EPs. J’ai le sentiment d’avoir trouvé ma voix avec ce projet. L’EP est extrêmement introspectif et se concentre fortement sur les relations avec les femmes de ma vie. « War » parle de ma mère et de ma grand-mère, « Home » parle de ma femme et « Higher Self » parle de moi.
Tu as diverses influences musicales. Peux-tu nous en dire plus à leur sujet ?
Je considère Kanye West comme une énorme influence musicale, en particulier My Beautiful Dark Twisted Fantasy. J’admire M.I.A. et Santigold pour leur approche rebelle du son et de la musique. J’aime la voix sans honte et honnête d’Alanis Morissette dans ses paroles.
Tu es une artiste engagée. La musique est-elle un vecteur puissant pour transmettre tes idées ?
Oui, mais plus encore, c’est un excellent moyen pour moi de comprendre et de donner du sens à mon monde. Plus je passe de temps à créer de la musique, plus la musique est devenue un moyen cathartique et thérapeutique pour moi. Je n’essaie pas nécessairement de transmettre des idées ou d’éduquer, j’essaie de m’exprimer et de donner un sens à mes expériences. Mon espoir est que ceux qui résonnent avec cette expression y trouvent une certaine valeur.
Tu parviens à garder une vision plutôt optimiste du monde qui vous entoure. Sérieusement, comment fais-tu ?
On me demande souvent pourquoi je suis si optimiste. C’est tout simplement parce que je dois l’être. J’ai compris que la seule façon d’avoir une vie joyeuse est de s’obliger à voir le bien dans le monde ou la possibilité du bien. Je crois que la lentille avec laquelle nous voyons le monde dicte fortement notre expérience de celui-ci. Je ne peux pas choisir ce que la vie me réserve, mais je peux toujours choisir comment j’y réponds. C’est vraiment le seul vrai pouvoir que nous ayons en tant qu’humains.
On voit de plus en plus d’artistes dans le rap revendiquer une identité queer. Que penses-tu de cette évolution ?
Je pense que c’est excitant. Je suis heureuse que notre société soit une société où les gens sentent qu’ils peuvent être honnêtes sur qui ils sont. Je suis heureuse que le rap et le hip-hop, qui ont une histoire de queerphobie, puissent accueillir des artistes queer. Ou du moins, que les fans accueillent les artistes homosexuel·les.
Quels sont tes futurs projets ?
Mon prochain projet sera mon premier album. J’écris beaucoup, je conseille d’autres jeunes artistes et je fais des tournées. Mon emploi du temps est chargé, mais il y a beaucoup de choses que je veux accomplir dans cette vie, et je prends beaucoup de plaisir à poursuivre ces objectifs.