Adieu le Batofar, petit navire que nous avions connu il y a de cela plusieurs années. Après six ans de fermeture, le club a complètement fait peau neuve et est prêt à accueillir de nouvelles et nouveaux noctambules. Pour comprendre vers quelles eaux queer et festives s’apprête à nous conduire le nouvellement nommé Bateau Phare, nous avons discuté avec Lou Liétard, capitaine artistique.
Bonjour Lou, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler de cette métamorphose du Batofar en Bateau Phare ? Comment était le lieu il y a quelques années et comment toi tu l’as connu, en tant que DJ ou comme habituée des nuits parisiennes ?
Cette métamorphose s’est faite en plusieurs étapes ! Après sa période faste, le Bateau a été racheté en 2018 par un musicien de l’île Maurice qui a entamé la rénovation totale du Bateau, soit un énorme chantier ! Mais le projet était bien plus colossal que prévu et à ça s’est ajoutée la crise sanitaire… Il a donc fait appel à des investisseurs pour reprendre le projet et c’est Alexandra, notre directrice, qui s’est lancée dans l’aventure.
Elle a décidé de changer le nom historique pour une raison double : afin de marquer une rupture avec l’ancienne période mais aussi parce que l’ancien propriétaire était réticent à céder le nom historique.
Moi j’ai connu l’ex-Batofar à 14 ans avec un membre de ma famille : c’est le tout premier club/salle de concert que je visitais sur Paris ! Et ensuite, j’y suis revenue danser en tant que jeune adulte. J’ai commencé à mixer en 2014 et j’ai malheureusement jamais eu l’occasion d’y jouer avant sa fermeture.
Qu’est-ce qui change à travers cette nouvelle programmation et cette nouvelle équipe ?
Le projet est que le Bateau redevienne un espace de rencontre et de découverte, mais avec une programmation artistique plus diversifiée, avec plus d’esthétiques musicales qu’avant (là où auparavant la prog était très électro) mais aussi faite d’évènements inclusifs et pour une cible plus large qu’avant.
On met donc en place, progressivement, une programmation culturelle diurne et nocturne, pédagogique et artistique, joyeuse et accessible, variée et engagée avec :
- des musiques actuelles (lives et club/DJ sets)
- du spectacle vivant contemporain (cabaret, théâtre, stand-up)
- des animations grand public (blind tests, karaokés, etc.)
- des ateliers de loisirs artistiques et de bien-être (yoga, flash tattoo, artisanats, etc.)
- des événements exceptionnels ponctuels tels que :
- des petits festivals avec concerts lives, projections, stands de créateur/rices (ex : marché de noël original avec des créations locales), activités/jeux familiaux, etc.
- des évènements de soutien (associations féministes, LGBTQIA+, de soutien aux populations en difficulté, axée sur le développement durable, les innovations artistiques et sociétales etc.) avec fêtes, débats / rencontres / conférences, etc.
Gros programme ! Vous insistez également sur une présence queer plus importante dans la progra mais aussi des évènements de soutien par exemple, ancrés dans le réseau militant. Peux-tu nous parler davantage de cet objectif et comment il résonne aussi avec ton parcours de DJ et d’organisation d’évènements LGBTI ?
Oui, une des valeurs fortes du Bateau étant la diversité, que ce soit au niveau du public que des artistes, on va donc être attentifs à visibiliser toutes les communautés.
Et oui, en effet, moi je fais partie de la communauté LGBTQIA+ et j’organise des évènements queer inclusifs depuis plus de 10 ans donc je vais inviter mon réseau de collectifs et d’artistes qui partagent aussi ces valeurs d’inclusivité.
On souhaite aussi être un espace d’accueil pour des évènements organisés par des associations engagées sur des sujets de société actuels. D’autre part, on a déjà commencé à rencontrer les acteurs locaux qui sont super contents de voir la renaissance de ce lieu emblématique du 13e !
Vous êtes également une équipe essentiellement féminine avec un fonctionnement que vous qualifiez d’”horizontal”. Qu’est-ce que peut changer un tel système dans l’accueil d’un public, dans la façon dont vous abordez aussi votre travail d’organisatrices d’événements ?
En effet, à ma connaissance, il y a peu de lieux gérés par des équipes féminines sur Paris et nécessairement, nos sensibilités, nos vécus personnels et nos valeurs vont influer sur le ressenti du public au sujet de l’accueil.
Toute l’équipe est sensible aux sujets d’inclusion et de prévention, mais évidemment avec des avis différents en fonction des histoires personnelles. C’est d’ailleurs fondamental pour nous d’avoir un staff formé à toutes les questions de prévention et aux actions RDR (Réduction des risques) à mener et en cas de VSS (Violences sexistes et sexuelles) !
La soirée d’ouverture est d’ailleurs à l’image de cette nouvelle ligne artistique, est-ce que tu peux nous présenter ce week-end d’inauguration, notamment le Pink Punk Cabaret de samedi ?
Oui, on a voulu, avec ces 2 premières soirées, montrer l’élargissement de la prog et son concept global !
Le vendredi on co-organise un évènement avec Elisa Do Brasil, pour faire honneur à la scène électronique (puisque tous les vendredis lui seront réservés) et particulièrement en hommage à la Bass Music qui est arrivée en France en grande partie grâce à l’ex-Batofar.
On accueille derrière les platines, FEADZ, Elisa donc et Funest. Et on a le plaisir de recevoir le FIP Squad, pour montrer la variété de styles musicaux que l’on va aussi avoir sur notre prog.
Le samedi, place au spectacle vivant, à la chanson et à l’univers queer avec le Pink Punk Cabaret. Le show s’annonce déjanté et mémorable, grâce à des artistes et créatures pluri-disciplinaires et fascinant·es tel·les que Loa Mercury, La Mulette, Simone Ringer et Tuna Mess. Et le show sera clôturé par deux DJ sets en B2B par Juleeo et NON, de la CC et de la Shauna, puis par Jeanrémi et Reno de la Powerpouf.
On se retrouve au Bateau Phare dès ce week-end et on vous fait gagner deux places pour le Pink Punk Cabaret sur notre page Instagram.