Les 9, 10 et 11 août prochain, La Station – Gare des Mines accueillera la deuxième édition du festival Qui Embrouille Qui. Cette deuxième édition est placée sous le signe du gigantisme puisqu’elle se déroulera sur 3 jours, avec jusqu’à 4 scènes actives en simultané et une cinquantaine de noms. Pasteur Charles et AZF, les deux figures de proue du collectif Qui Embrouille Qui ont accepté de répondre à nos questions.
Friction : Comment vous définiriez “Qui embrouille qui”? Pourquoi ce nom?
Pasteur Charles : Nous sommes un festival de musique subversive, club, punk, aventureuse et plus encore. Un rassemblement militant aussi, basé sur la musique d’ici et maintenant et une économie égalitaire et réaliste. On a choisi de nous étendre cette saison en sélectionnant 15 artistes qui, à notre sens, méritaient d’être mis en avant pour ce qu’ils représentent chacun dans leur environnements esthétiques respectifs pour former une espèce de Blietzkrieg prêt à partir à l’assaut du reste de la France.
Vous êtes les deux figures de proue du collectif, mais Qui Embrouille Qui rassemble une quinzaine d’artistes. C’est quoi, justement, ce qui vous rassemble ?
Pasteur Charles : Plus qu’un collectif, Qui Embrouille Qui est une plateforme. Le rassemblement de ses membres n’est pas tout à fait organique : à la base, ils ne se connaissaient pas vraiment, surtout de vue ou de réputation, à quelques exceptions près. On a cherché à leur proposer une exposition concrète, basée sur des dates loin de leurs bases et un suivi régulier, où on a tous les deux poussé pour les mettre en avant. Chacun étant libre d’y prendre ce qu’il voulait, malgré l’engagement nécessaire.
Aujourd’hui, les choses sont évidemment plus naturelles, il y a un effet de bande, une bienveillance, un plaisir, je crois, partagé par les protagonistes quand ils se retrouvent sur une affiche. Et disons ce qui est, ils sont désormais une part essentielle de la vivacité et de la force que peut représenter la bannière Qui Embrouille Qui. Et je pense qu’on a réussi dans notre objectif de leur donner plus de visibilité en tant qu’individualités créatives, au-delà de l’idée de « faire du bruit » en collectif.
C’est la deuxième édition du festival, la programmation est très dense. Comment est-ce que vous avez bossé sur la prog ?
Pasteur Charles : On a essayé de travailler de la même manière que pour sélectionner les membres du collectif. On s’est demandé qui, au sein de différents mouvements, scènes, esthétiques et environnements musicaux sort de son registre, met la claque. Ça semble très théorisé comme ça, mais c’est très naturel pour nous, on a le nez dedans à l’année. Sentimental Rave, Donarra, Bracco comme Dentelle représentent parfaitement, dans leurs environnements respectifs, des trucs qui nous retournent. Ce ne sont que des exemples, mais la prog a été conçue dans ce sens-là. Et dès qu’un pépin a pu arriver, que quelqu’un n’était pas dispo ou autre, ça a été l’occasion d’aller puiser ailleurs, dans d’autres champs. Ce qui a été extrêmement stimulant et fait que, je crois, aucun artiste dans cette prog n’est interchangeable avec un autre.
Vous dites également qu’il fallait proposer un festival aux “proportions plus imposantes” pour cette deuxième édition. Pourquoi?
Pasteur Charles : La première édition était une espèce de fulgurance, essentiellement basée sur l’envie de rassembler sur deux jours une scène qu’on jugeait déjà trop disparate. Mais cette année, on a été plus formel dans nos intentions, il a donc été nécessaire d’inviter plus de monde, donc d’augmenter le festival d’un jour et deux scènes supplémentaires pour faire le tour de ce qu’on avait envie de mélanger. Et encore, malgré tout ces efforts, il manque pas mal de monde.
Même si on a une réputation assez violente, de par notre façon de communiquer plutôt volontaire, le festival est fort, je crois, d’une richesse rare. Les gens vont en voir de toutes les couleurs. Merci encore à la Station de nous permettre de l’utiliser, pour la première fois de son histoire, à son plein potentiel.
Vous parlez “des aventuriers de la contreculture nocturne actuelle”, ça veut dire quoi, concrètement, en terme de choix esthétiques et musicaux ?
Pasteur Charles : Ce n’est justement pas une catégorie musicale : on a proposé l’aventure à des gens qui nous semblaient faire bouger des lignes dans leur milieux respectifs, pour en revenir à ce qu’on disait plutôt. On a essayé de photographier dedans une partie forte de ceux qui font de notre époque une période aussi excitante, dans la fête et la musique au sens très large aujourd’hui.
Il n’y a pas que le festival dans la vie de Qui Embrouille Qui, il y a également la tournée en Province. Pourquoi était-ce important de s’exporter en dehors de Paris?
Pasteur Charles : On a voulu porter nos couleurs et surtout les gens qu’on a choisi de rassembler dans le « collectif » dans de beaux clubs et surtout devant un public différent de celui, fatalement local, qui était souvent le leur initialement. Là-dessus, la figure d’AZF a été cruciale. Elle a sacrifié des dates « solo » pour emmener avec elle toute l’équipe et servir de tête d’affiche à ces fêtes. Grâce à elle, on a pu confronter le public à des propositions qu’il n’avait sûrement pas imaginé, du live ultra fou de Hasar de Doria aux sets aliens surpuissants de Graal pour ne citer que deux exemples.
Pour ceux et celles qui ne pourraient pas participer aux 3 jours de festival, c’est quoi les temps forts, le les immanquables de cette édition?
Pasteur Charles : Franchement, je crois que tout est fort, qu’il n’y a rien de mieux ou moins bien. Après, j’ai une affection particulière pour la scène aventurière du samedi, avec que des trucs anti-clubs, genre les drones de Romain de Ferron et Forme Étrangère, le kraut dubbé de Teknomom ou les sévices de Dentelle. En plus, mon camarade houseux Aubry se livre à un set de musique « expérimentale », sa passion secrète, et j’ai hâte de voir ça.
AZF : Mon premier temps fort c’est Daoud. Ce sont deux extraordinaires musiciens, évoluant sur le terrain de la pop à la base, créant quelque chose de plus électronique pour l’occasion. Je suis très excitée de les voir évoluer si loin de leur zone de confort.
Ensuite, la scène intérieure du jeudi, avec Pute Acier, December et Sentimental Rave. Trois, générations, trois profils très différents mais en même temps, tous les 3 sont de vrais ovnis sur leurs scènes respectives, il y a un fil rouge entre ces 3 artistes à mes yeux. J’aime ce symbole, il me touche.
Et le closing de The Driver, rêve qui se réalise : le parrain va donner une bonne leçon à tout le monde.
Vous nous conseillez quelques tracks à écouter pour se chauffer un peu avant le festival ?
Pasteur Charles : Pour le calme avant la tempête, Dim Carcosa de Teknomom.
Plus d’infos :
Qui Embrouille Qui Festival #2
9, 10 et 11 août,
La Station – Gare des Mines
Le site web : quiembrouillequi.com
Qui Embrouille Qui sur Facebook par ici, l’évent par là
Billetterie : www.yesgolive.com/station/qui-embrouille-qui-pass-3-jours