Déconstruction en instance est un cycle de neuf poèmes qui parlent d’une relation non-exclusive et questionnent la place que prend l’amour dans ces relations. Ecrits depuis une posture tantôt romantique, tantôt ironique, tantôt théorique (ou les trois à la fois), ces textes sont traduits du russe vers le français et inversement, dans un espace intérieur bilingue qui est celui de la migration et de l’exil. Sensibles aux espoirs, aux peurs et aux élans ratés, ils reculent plutôt qu’ils n’avancent, pour arriver à un point zéro, où tout est possible, mais plus rien n’a valeur de certitude.
Les textes de Lenny Smirno sont illustrés par Faust Lust Smiatek.
Déconstruction en instance
Neuf pas dans un (poly)amour
5. Partenaire extérieure
Le système est fermé
Fermé comme les portes du resto
Laissant sortir un dernier client
Fermé comme les portes du métro
Laissant passer un dernier passager
Fermé comme le son fermé
Le « oh » du regret, ou de la déception.
Le système est fermé
Il n’y a rien à faire là-dedans.
Je toque à la porte,
Il n’y a que ce bruit qui résonne
Attendre dans le couloir : voilà ce qu’il reste à faire
Mesurer l’entrée à la longueur des pas
En avant, à droite ; en arrière, à gauche
La sonnette ne marche pas
Le son aigu, crispant les oreilles.
Le système fermé :
Tout ce qui est dedans, restera dedans.
Partenaire extérieure :
Un manteau
Des chaussures
Un foulard
Une casquette
Les lunettes de soleil
Un parapluie
Un sac.
Je te chuchote à l’oreille :
« L’heure est venue de dormir sous les étoiles ».