Queer As Folk a eu le droit, comme beaucoup d’œuvres ces dernières années, à son reboot. Il s’agit donc d’un véritable redémarrage à zéro, où subsistent peu de traces de l’histoire écrite par Russell T Davies, créateur de la série originale de 1999. Ce dernier est toutefois producteur exécutif de cette nouvelle version. Alors, qu’est-ce que ça donne ?
Dès sa bande-annonce, Queer As Folk 2022 ne laissait pas de doute : ce reboot se voulait moderne, apte à parler à la communauté LGBTI d’aujourd’hui. Une volonté présente dans le travail de Russell T Davies depuis un certain temps, le scénariste anglais mettant un point d’honneur à nous offrir un panel d’acteur·ices représentant au mieux la réalité et la diversité du milieu queer.
Toutefois, et c’est ce qu’on ressent aussi dans l’écriture du showrunner Stephen Dunn, ce choix n’implique pas forcément une image lisse et propre de notre communauté. Tout de suite, on découvre des personnages bourrés de défauts, toxiques, bordéliques. Des gens comme les autres dans le meilleur sens du terme, là où beaucoup de séries queers d’aujourd’hui cherchent surtout à créer un sentiment de safe space un peu irréaliste. Ce plaisir si jouissif de voir des gens saper leurs existences, vomir au mauvais endroit ou coucher avec la mauvaise personne me manquait terriblement.
Car Queer as Folk 2022, comme son ancienne version, court en permanence derrière le drama. On sent que les auteur·ices s’amusent et sont surtout là pour foutre le bordel dans la vie de leurs protagonistes. Beaux mecs à foison, scènes de culs super sexy, réalisation banale mais bombardée de couleurs fluos : la formule est surtout là pour nous divertir.
Et puis, au détour d’un instant embarrassant, un petit morceau de vérité cru. Un moment tendre. Le personnage de Ruthie, une femme trans, qui raconte la façon dont sa transition a impacté son rapport aux hommes. Ryan O’Connell, l’interprète de Julian, qui évoque son handicap et la façon dont cela influe sur ses relations amoureuses… Et de manière générale, comment on gère le trauma lorsqu’on survit à un attentat homophobe, évènement central de cette première saison.
Alors certes, la série peine souvent à traiter les sujets qu’elle aborde de façon efficace. A force de courir derrière le rebondissement facile, on se retrouve avec des situations de plus en plus absurdes, qui donnent l’impression que la fin de saison est un peu improvisée, mal empaquetée. Et pourtant, cela ne retire pas le plaisir qu’on ressent face à ce joyeux bordel. Parce qu’il ne prétend pas être quelque chose de plus, d’assurer dans tous les domaines.
Queer as Folk 2022 restera sans doute une série assez anecdotique culturellement, certes. Et pourtant, ce qu’elle réussit, c’est de nous faire plaisir, de nous permettre de s’éloigner des représentations propres et parfaites. Et rien que pour ça, on a déjà hâte de découvrir sa saison 2.