Venue du froid, Diis Paradis aka Rikslyd ne vous laissera pas de glace. Bateau l’intro ? Il y a des artistes qui cachent bien leur jeu, lorsque nous avons abordée Diis après son DiiJ set, nous n’avions aucune idée de sa production, quand nous avons discuté avec elle, nous n’avions pas idée de sa simplicité sympathique. Elle nous a concocté un podcast d’été qui vous fera bouger dès le réveil, ambiance chemise à fleur sur la plage :
Quand es-tu arrivée à Paris ?
Il y a 7 ans et demi.
Tu as commencé par jouer au baron, dans des lieux assez « hype », comment ça s’est fait ?
Des relations humaines ! J’ai commencé à travailler avec des amis à moi. Ylva (Falk) avec qui je fais les House of Drama set une très bonne amie et elle les connait. Je lui ai proposé d’organiser des fêtes, c’est une danseuse mais elle a une bonne culture musicale. On a fait plusieurs soirées, puis on est allé à Miami avec l’équipe du Baron, plutôt cool. Et puis on s’est fait d’autres contacts et il y a eu beaucoup de bouche à oreilles.
Tu commences à être connue, non ?
Oui si on veut, je suis une célébrité locale à Paris surtout dans le 9ème et le 10ème. Je me balade souvent dans la rue, les gens me voient. Un peu comme un vieux mec, je traine toute seule, j’dis bonjour à tout le monde et je prends un café dans un bar. Je vais dans un autre bar dans la même rue.. un peu comme the weirdo (= la meuf étrange) ! Par contre, personne ne sait si je suis finlandaise ou suédoise, ou autre…
Comment t’est venue l’envie de mixer et de faire de la musique, tu as commencé en Norvège ?
Je n’ai pas commencé à mixer en Norvège, d’ailleurs j’ai parfois l’impression d’avoir eu plusieurs vies avant la musique ! Mon CV devient de plus en plus compliqué au fil du temps En fait, j’ai fait une école de souffleurs de verre en Suède et une école de graphisme à Copenhague… après je suis venue à Paris. A l’époque je ne parlais pas français, je ne pouvais même pas demander un croissant. Il m’a fallu deux ans pour m’y mettre. J’ai travaillé dans une boite de marketing et j’ai commencé à mixer aussi et puis finalement je suis partie à Montréal. Là-bas, je suis tombée amoureuse, d’une personne qui est genre un peu LE DJ de la ville, assez connu. J’avais déjà fait quelques mixes mais pas très pro, cette personne m’a appris un peu comment faire. Ensuite, j’ai commencé à travailler une ou deux fois par semaine dans un bar à cocktails : la barmacie baldwin. Je passais la musique pendant des heures et des heures. Si quelqu’un va à Montréal c’est vers le Plateau et c’est très cool, les gens sont sympas. Bref, je suis revenue à Paris et ça a vraiment commencé, j’ai mixé de plus en plus souvent.
Dans quel bar as-tu commencé à jouer à Paris ?
Le premier lieu un peu régulier au tout début se sont Les Souffleurs (dans le marais) je crois. Ils m’ont beaucoup aidé, booké, ils ont été là pour moi et ils aiment ce que je fais. J’y ai beaucoup mixé. J’ai aussi mixé dans quelques soirées filles mais pas trop, c’est allé assez rapidement vers autre chose… Maintenant tu peux me voir chez Jeannette, à la Java, en ce moment je fais des soirées au Pompon mais aussi Chez Moune, un peu tous les lieux hispters… mais bon c’est pas grave c’est cool.n
Tu penses que tu es un peu « hipster » ?
J’ai déjà eu la question. Non je ne pense pas être une hipster parce que pour moi c’est beaucoup plus extrème. C’est sûr que quand je dis que je suis DJ, que je fais un peu de graphisme, je fais de la musique… c’est tout de suite connoté ! Mais un hipster pour moi c’est quelqu’un qui est arrogant parce qu’il croit qu’il est cool parce qu’il travaille chez Nike, qui porte une casquette et des grosses lunettes. Les gens que je connais moi et qui travaillent pour « garder Paris en vie », tout ça, c’est assez dur, on peut nous traiter d’hipster mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas le but.nn
Personnellement, je n’ai toujours pas compris ce que ça veut dire, « hipster »..
Pour mois, c’est un truc un peu faux, des gens qui adaptent des choses et des habitudes matérielles juste parce qu’ils ont compris que c’est cool. Genre tu vends ton vélo normal pour acheter un fixie parce que c’est ce qu’il faut avoir…. ou que tu sors dans un bar avec un iPad…c’est très matérialiste.. beaucoup de monde pense qu’on est des hipsters parce qu’on travaille la nuit et qu’on cultive un style particulier. Et encore, niveau look je suis méga neutre par rapport à beaucoup de mes amis. Mais en fait on est juste nous-même. Ok, on est obligé de suivre un peu la mode c’est sur, mais un minimum. Personnellement ça ne m’intéresse pas vraiment … je porte cette veste (de chasseur) tout le temps ! Pour House of Drama et d’autres performances je suis obligée de faire des efforts sinon je me fais frapper (rires) mais bon… Donc non, pas hipster !
House of Drama, le Voguing, ce n’est pas un peu hipster quand même ?
Le phénomène voguing c’est une tendance qui revient, ça n’a rien à voir avec les hipsters. Après, je ne suis pas une experte dans tout ce qui est voguing malgré ma participation à House of Drama. A mon avis, c’est une culture plus liée à la danse qu’au style. ..
Moi je dis : de la danse et du style, la preuve en images
Je trouve que ça ressemble un peu à la Tecktonik…
Oui ça ressemble un peu (rires), en même temps on a deux jambes, deux bras… forcément ! Peut-être que la Tecktonik c’était les prémisses du retour du voguing. Ceci dit, j’aimerais bien voir qui va reprendre la Tecktonik dans 10 ans. Bon dans tous les cas moi je ne sais pas danser, je veux juste faire danser.. !
Tu as sorti un album digital sur le label Tsunami Addiction le 14 février 2011. Parle nous de ce label.
Ce n’est pas un label qui a beaucoup d’artistes mais qui grandit avec le temps, c’est un label pour des artistes autonomes et motivés. Il produit tous les styles, il n’y a pas vraiment de ligne fixe, ce n’est pas genre on va enregistrer en studio maintenant, et tout est organisé. Il faut se prendre en main, mais l’avantage c’est qu’elles me laissent libres dans mes choix.
Un extrait de l’album (spéciale dédicace à Victor, un fan anonyme)
Ils ont produit le CD d’un groupe Rock récemment que nous avons vu lors du festival Les Femmes s’en mêlent, Mensch, tu connais ?
Un peu oui, même si je n’écoute pas trop de rock. Il y a des bons groupes sur le label, j’aime beaucoup La Chatte par exemple.
Depuis Diis a rencontré Mensch et elle les aime.
Tu as participé à la 14ème édition de ce festival (Les Femmes s’en mêlent) ; est-ce qu’il t’a ouvert des portes ?
Je ne sais pas trop, j’ai passé un bon moment, entre les artistes il y avait une bonne ambiance. On m’a dit « Ah c’était cool » mais ça reste un petit concert, aucune bookeuse n’est venue me voir à la fin, non.. Ce qui m’ouvre le plus de portes ce sont les House of Drama..
J’aimerai beaucoup le refaire ceci dit, surtout que je sors un nouvel album. Mais bon, je ne cherche pas vraiment de concert pour l’instant, si ça me tombe dessus c’est bien. D’ailleurs j’ai fait la première partie de Milkymee (au China) en mai. C’est cool elle est douée, dans le genre un peu folk, acoustique. Une artiste de Tsunami Addiction aussi.
jj
Tu as un agent ?
Non. Je suis genre à faire moi-même, on peut me manager mais seulement si on me comprend.
D’ailleurs, j’ai vu que tu avais un blogspot ?
Oui c’est cool, c’est ghetto, je peux mettre en ligne moi même… j’adore mon blogspot ! D’ailleurs, je fais presque tout moi-même, la photo, les flyers… La philosophie DIY c’est moi qui l’ait inventée (rires) non je rigole.
Par contre tu n’as pas modifié la favicon..
On peut changer la favicon aussi !! (rires) Ah ouais !!! Avant j’avais un autre site et j’avais changé la favicon dans le FTP, mais je savais pas pour blogspot.
Comment tu te définirai en tant qu’artiste, tu n’es pas que DJ, si ?
Non, je mixe pour payer mon loyer. Je ne mixerai pas autant si je ne devais pas, c’est devenu nécessaire parce que j’avais laché le marketing et ma vie d’avant.
Un serveur nous interromp. Il est cool, il porte une moustache. Nous sommes chez Jeannette
Oui donc, je me suis mis dans une situation dans laquelle je suis dépendante de ce que j’adore faire, c’est devenu mon travail. Ma passion c’est de passer la musique dans les soirées : je ne connais rien de plus cool, marrant, un vrai bonheur. En faire, c’est un challenge, c’est différent.
Tu as fais des performances aussi.
Oui à Milan, une performance « un peu comme je peu ». On a été très bien accueilli, dans une galerie, la Full moon saloon. J’ai été à Berlin aussi avec une performance de live. C’était un peu comme un stand-up ou une lecture sauf que c’est de la musique. C’est extrêmement violent.o
Violent ? Pourquoi se mettre en scène ainsi alors ?
Je ne sais pas, lorsque j’ai commencé je n’y avais pas pensé. Je crois que c’est un vrai problème pour les artistes parce que souvent ils ne veulent pas. C’est pas genre les gens peuvent regarder un autre membre du groupe, le mec qui joue de la guitare, celui à la batterie. Tu es là, seul, et si les gens s’ennuient, tu le vois !! J’essaie quand même d’être là devant les gens, en face, même si ça fait peur. Parfois ce sont de vrais bons moments aussi.
Après, si je peux juste savoir que j’ai aidé quelqu’un avec ma musique je serai contente. Tous les artistes veulent dire, exprimer quelque chose, ce n’est pas juste fun. Même les DJs, c’est jamais uniquement du fun. C’est vraiment un mode pour s’exprimer…
N’y-a-t-il pas aussi un côté exhibitionniste, l’envie de se montrer ?
Non, je ne pense pas, enfin je parle pour moi, mais il y a énormément de DJs timides, qui n’aiment pas danser (moi inclus), qui adorent sortir mais ne savent pas parler avec les gens… mais en même temps qui adorent la musique. Donc ils se disent que c’est la solution ! Et puis ça aide un peu à draguer.
Quelles sont tes influences principales, les artistes/mouvements qui t’ont marquée ou t’inspirent particulièrement ?
J’aime toute la musique sauf peut-être le rock. Pas trop Metallica.. J’ai eu des périodes mais ma première cassette, à 5 ans : Kate Bush, j’aime tout ce qu’elle fait, pour moi cest un génie. Sinon j’ai eu une grosse période à écouter Belle et Sébastien, c’est là que tu vois d’ou tu viens… il faut savoir d’ou on vient ! (rires) Ensuite Massive Attack, Portishead, la musique un peu indie, trip-hop. J’étais méga-fan. Depuis 5 ans je suis plus yacht rock, en gros, c’est la musique qui vient des années 80. Comme par exemple Toto, c’est très lié au funk, à des groupes comme Earth Wind and Fire. Ensuite un peu de House aussi et de Ragga..
Hervé, le DJ des Mounes Power vient la saluer, il est cool, nous sommes chez Jeannette.
J’ai jamais compris pourquoi je n’ai jamais fait des études de musiques. Je suis contente même si c’est assez difficile, je vis ou survis de ma musique. Je mixe souvent, c’est un privillège car peu de personnes peuvent faire ça. Quand je mixe, je suis Diis Paradiis, c’est moi et mon nom Facebook. Rikslyd c’est ma musique pas mon nom DJ. Si un jour je deviens méga-connue je choisirai !
Tu prends combien pour un mariage ?
Je prends beaucoup ! Tu connais quelqu’un qui se marie ?
Non (rires)
Nan mais pour les mariages tu as des attentes, tu veux les gros classiques… c’est la journée la plus importante de ta vie.. J’ai quand même Britney Spears dans ma playlist au cas où… mais pas Lady Gaga, donc ça va ! (rires)
Tu as une date pour ton nouvel album ?
Oui, « Ecotone » va sortir aussi sur Tsunami Addiction en Septembre 2012, ça sera un CD, un vrai, pressé.
Et un vinyle ?
Non je ne suis pas du tout de la génération vinyle, je suis vraiment de la génération mp3 même si j’espère qu’on pourra trouver un moyen de faire de la meilleure qualité, des sons moins compressés.
Tu sors ou en ce moment ?
Souvent aux Souffleurs et à l’Udo bar.
RDV dans ce même UDO bar pour son anniversaire vendredi 29 juin, vous pourrez écouter Diis en chair et en live mais attention, si vous n’aimez pas être serrés passez votre chemin (ou venez tôt) <3
Diis Paradiis Diij tour :
- 05.07: Zero Zero (DJ set)/Paris
- 12.07: L’Echelle de Jacob (DJ set)/Paris
- 19.07: Zero Zero (DJ set)/Paris
- 20.07: Les Souffleurs (DJ set)/Paris
- 26:07: Chez Moune (DJ set)/Paris
- 27:07: Le Klub, Bikini Bottom (DJ set)/Paris
- 17.08: Le Klub, Bikini Bottom (DJ set)/Paris
- 18:08: Chez Moune (DJ set)/Paris