Le roller derby : un sport punk et féministe !

Avec les beaux jours qui arrivent enfin, on avait envie de contacts et d’ambiances un peu rock’n’roll. Ça tombe bien, on a croisé le chemin de 3 joueuses de roller derby qui nous ont un peu parlé de leur sport. Rencontre avec Queer Painkiller #13,  de l’équipe B du LARD (Lyon) « La bande à Ta Mère », Spider Lilith des Cannibal Marmots (Grenoble) et des Sale Gosses (Rhône Alpes) et Hache Tag Joe qui officie aussi chez les Cannibal Marmots et les Sales Gosses mais également avec les Brutales Deluxe d’Annecy.

Attention ambiance Riot Grrrls.

Les vestiaires du Roller Derby. Photo : Marine DEGEILH 
Les vestiaires du Roller Derby. Photo : Marine DEGEILH

Vous avez dit « roller derby » ?

Spide Lilith : Le roller derby est un sport de contact majoritairement féminin qui se pratique sur roller quad (patin a roulette). Deux équipes de 5 joueuses s’affrontent sur le track (espace de jeu ovale avec une piste de 4m de largeur environ). Chaque équipe possède une jammeuse, celle qui marque les points et 4 bloqueuses qui empêchent la jammeuse adverse de passer. Pour passer ou bloquer on a le droit d’utiliser ses hanches, ses épaules et de taper sur les hanches et les épaules, pas le droit au croche-pattes ou aux coups dans la tête. Sur les 2 fois 30 minutes d’un match, les jammeuses doivent marquer le plus de points sachant qu’on marque un point par joueuse adverse dépassée.

Hache Tag Joe : Le roller derby c’est un sport pratiqué majoritairement par des filles, ce qui n’est pas courant pour un sport de contact. Le roller derby a une image punk rock avec des noms d’équipes qui sont drôles et qui font peur à la fois, les joueuses aussi ont un nom « de scène ».

Roller Derby, Photo : Marine DEGEILH 
Roller Derby, Photo : Marine DEGEILH

Et tout ce jargon, toutes ces règles alors ?

Spide Lilith : C’est comme tous les sports, enfin peut-être un peu plus que d’autres mais c’est pas inaccessible quand une équipe organise un match elle a toujours un petit tract explicatif ou un speaker qui explique ce qui s’est passé. Je pense que les gens comprennent assez vite, et les règles de base sont assez simples, même si en s’y penchant ça se complique car y a des subtilités avec lesquelles on peut venir jouer.

Hache Tag Joe : Beaucoup de pédagogie est faite autour de ce sport. On explique les règles aux spectateurs […] et les débutantes lors des sessions de recrutement des clubs sont prises en charge par les plus anciennes ou par les coachs. Il est très facile d’intégrer le derby.

Queer Painkiller : Je ne sais pas bien comment cet univers est perçu de l’extérieur. Pour ma part j’ai voulu en faire et j’ai trouvé une ligue pour me lancer. Il semblerait que ce milieu soit impressionnant en effet. J’ai poussé une connaissance à en faire et au début elle pensait que ça serait juste «impossible », selon ses mots, de se lancer. La peur des chutes et des coup pour certain[e]s, la timidité pour d’autre, je ne sais pas trop.

Un sport avec une histoire bien à lui…

Queer Painkiller : Ce que je sais, c’est que le roller derby est un sport qui nous vient des Etats-Unis et effectivement pratiqué à la base uniquement par des femmes. Une manière pour elles de s’affranchir de tous les sport médiatisés comme uniquement masculin ? Peut-être !

Hache Tag Joe : Je ne connais pas bien l’histoire du derby ce que je sais c’est que le contact a été instauré dans les courses pour pimenter le jeu. Les spectateurs aimaient les chutes. Ce sport est un peu tombé aux oubliettes et il est né à nouveau dans les années 2000 aux Etats-Unis grâce à des groupes de filles ouvertement féministes, punk, LGBT. Il est arrivé en France début 2010 puis maintenant il est complètement démocratisé, il y a 4000 licenciés des clubs un peu partout, madame tout le monde fait du derby.

Spide Lilith : Oui je pense que c’est une des raisons qui attirent des meufs dans ce sport, l’esprit girl power. Le fait que ce soit un sport de meuf fait par des meufs pour des meufs. Le fait aussi d’allier un sport de contact avec un esprit rock n’ roll, qui casse l’image des sport de meufs classiques. C’est un sport qui été à la base une espèce de spectacle plus que du sport. [… Il a été] réhabilité il y a une quinzaine d’années par un mouvement punk féministe type 3ème vague. Féminine mais qui aime cogner et se battre. Et là, ça a repris, en gardant un aspect show mais en misant vraiment sur du sport, les règles, …Maintenant l’aspect show disparaît de plus en plus pour laissez place au côté plus sportif.

Roller Derby chausette, Photo : Marine DEGEILH 
Photo : Marine DEGEILH

Tout un état d’esprit et pas seulement un sport…

Spide Lilith : Il y a une vrai communauté du derby. Il y a un esprit rock’n’roll très fort et puissant. (afters de folie, maquillages, nom de guerre et nom d’équipe). Mais aussi un très fort esprit d’équipe, esprit de partage et d’entraide.

Queer Painkiller : Oui. Définitivement, oui. Le roller derby c’est aussi tout un état d’esprit et une manière de vivre ce sport. Il y a toute une communauté à rencontrer et découvrir.

Quand je suis arrivée au L.A.R.D, j’ai découvert toute une vie associative organisée, de nouvelles copines à se faire qui sont aujourd’hui de super coéquipières, une équipe à faire avancer et à soutenir, puis d’autres équipes dans d’autres villes, encore de nouvelles têtes, de nouvelles histoires de patin… Toute une petite histoire de derby !

Hache Tag Joe : Il y a deux valeurs très importantes dans le derby. La première c’est que tout le monde y est le bienvenue, petit grand, gros, homme ou femme [cis ou] trans, tout le monde y a sa place et c’est très important. C’est pourquoi on retrouve une grande proportion de personnes « qui n’aimaient pas le sport » car ils/elles n’y trouvaient pas leur place dans des disciplines trop normées. Ensuite la seconde c’est « for the skaters by the skaters » on organise nos événements, matchs, entraînements nous-mêmes, la fédération nous impose rien et on reste toujours maître de nos choix et de notre façon de faire.

Forcément punk et féministe ?

Queer Painkiller : OUI !  (rires) Non, pas forcément. Je pense rentrer dans les deux catégories citées ci-dessus, mais c’est très loin d’être la majorité au sein de l’équipe. Rassurez-vous les filles, vous serez admises même sans tatouage et cheveux colorés !

Hache Tag Joe : Aujourd’hui le roller derby s’est tellement démocratisé que même « ma coiffeuse fait du derby » donc non il n’est pas obligatoire d’être comme ci ou comme ça. Même si des discours antiféministe seraient très mal perçus, je pense par la plupart des joueuses.

Roller Derby, Photo : Marine DEGEILH 
Photo : Marine DEGEILH

Des idées pour expliquer l’engouement autour du roller derby ?

Hache Tag Joe : L’effet de mode est réel : le film Bliss, le côté punk et rock qui rend un peu fun le sport, le côté contact plaît à toutes les filles qui ne sont pas fans de l’image forcément élégante que véhiculent les sports dits féminins.

Spide Lilith : Je pense que le fait que se soit un sport de meufs powerful joue beaucoup. Je pense que le fait qu’il devienne vraiment sportif plaît aussi beaucoup à certaines personnes mais que c’est surtout cet état d’esprit qui plaît, ces échanges, l’entraide entre les équipes, le partage …

Queer Painkiller : Peut-être parce que c’est un sport génial qui te permet de te découvrir toi-même ? Plus sérieusement, aucune idée. Le bouche à oreille. Une copine, d’une copine en fait, puis le mot fait son bout de chemin.

Et vous cherchez quoi Sous la jupe (c’est le nom de notre ex webzine) ?

Hache Tag Joe : La chatte du DCCLM ! [club de Montpellier]

Spide Lilith : Des meufs fortes, et fières, des meufs qui n’ont pas froid aux yeux et qui quel que soit leur physique, leur apparence ne se laissent pas marcher dessus et défendent leur droit face à ce monde patriarcal.

PhotosMarine DEGEILH 

http://cargocollective.com/marinedegeilh 

Instagram : https://www.instagram.com/maggy2b3/ 

Les équipes : 

Le LARD à Lyon

Les Cannibal Marmots de Grenoble

Les Brutales Deluxe d’Annecy 

Les Sales Gosses, équipe régionale de Rhône-Alpes