Rone, producteur prolifique, poétique, aux multiples univers et musicien préféré des cétacés a sorti le 24 avril son nouvel album : ROOM WITH A VIEW, soundtrack du spectacle éponyme créé avec le collectif de chorégraphes (LA) HORDE. Épopée musicale sur fond de chaos, d’effondrement et de salvation collective.
Du 5 au 14 mars 2020, Rone et le Ballet National de Marseille, dirigé depuis septembre 2019 par (LA) HORDE, étaient censé·e·s squatter le Théâtre du Châtelet avec un spectacle mêlant danse contemporaine et musique électronique : ROOM WITH A VIEW. « Censé·e·s » car Covid-19 oblige, les représentations ont été annulées en cours de route. On a eu l’immense privilège d’assister à la première, en compagnie d’une complice phocéenne, qui plus est. Comme une impression que l’OM jouait à domicile. Et on peut le dire : on ne s’est pas faites embobinées. Pendant plus d’une heure, avec pour décor une carrière de marbre aux airs apocalyptiques, des corps dansants annoncent la catastrophe écologique qui vient mais aussi un nouveau monde solidaire à imaginer. Magnifique, émouvant, férocement politique.
La sortie de l’album ROOM WITH A VIEW veut perpétuer cette idée de « guerre des imaginaires » encouragée par Alain Damasio, auteur de SF et qui a collaboré à la création du spectacle. La musique de Rone donne à entendre les conflits futurs que laisse présager une société au bord du gouffre mais aussi les révoltes que nous pouvons incarner. Parce qu’il est bien question d’incarnation ; après les corps du Ballet de Marseille, c’est au tour de nos écoutilles confinées d’être mûes par l’envie de révolution.
Dans le morceau Liminal, une lente montée sourde et saturée titille nos sensations et nos facultés de perceptions ; peut-être pour entamer un éveil des consciences. Une conscience collective portée par les titres lumineux que sont Human et Babel. Le premier est une délicieuse loop enivrante où se font entendre les vocalises d’un chœur qui prend en puissance. Dans le second, des voix fortes conversent dans différentes langues et convergent vers une seule et même énergie musicale. Quant à Raverie, il rappelle les dancefloors oniriques et techno qu’on a connus pré-confinement.
Surtout, on cède à l’appel de Nouveau Monde, morceau où s’entrelacent sons de cloches électroniques et voix de l’astrophysicien Aurélien Barreau lâchant, en guise de lyrics : « Il s’agit juste de consommer un petit moins bordel ! C’est quand même pas la fin du monde ». C’est vrai. Il faut juste en inventer un autre. Le nôtre.