« On est une jeunesse blessée mais forte et combative » rencontre avec Théa

Théa est une jeune artiste engagée dont la musique incarne la révolte d’une génération face à l’univers sombre et complexe dans lequel grandit la jeunesse d’aujourd’hui, un monde d’argent et de béton qui nourrit son art autant que sa rage. Retenue parmi les Inouïs du Printemps de Bourges pour la sélection 2023, Théa n’en a pas fini de faire parler d’elle. Nous l’avons rencontrée.

Salut Théa, est-ce que tu peux te présenter rapidement et revenir sur ton parcours pour nos lecteurs·trices qui ne te connaissent pas ?

Hello ! Je m’appelle Théa, je sors des morceaux à mon nom depuis 2019 et depuis plus d’un an maintenant je les porte sur scène, à peu près partout où on me laisse les chanter haha. On rapporte souvent ma musique à de l’hyperpop du fait de la présence intense de production digitale et la présence de tout un tas d’esthétiques musicales différentes. De mon côté j’essaie simplement d’exprimer musicalement mes émotions les plus viscérales. D’après mes parents j’ai chanté avant de savoir parler : la musique ça a toujours été ma manière de m’exprimer et de ressentir !

Dans Memento, les textes expriment une forme de malaise ou de mal-être. Est-ce que la musique te permet d’aller mieux ?

C’est un refuge c’est sûr ! Les choses n’ont pas toujours de réponses, parfois il faut juste les faire sortir. Mes morceaux ont ce rôle-là. Mais je me suis rendue compte que ça pouvait parfois être un piège. En tant qu’artiste c’est facile de mettre certaines émotions de côté dans un son, les esthétiser, les donner au public et de ne pas prendre le temps de traiter le problème. Je me pose aussi la question de ce que je laisse aux gens si je ne chante que la partie destructrice du mal-être. Je ne suis pas sûre de ne vouloir chanter que la douleur dans mes prochains textes, j’aimerais aussi aborder la réparation et la confiance en soi que j’ai trouvé ces derniers temps. Un morceau c’est l’instantané d’un processus mental, pas forcément la solution à un problème.

Penses-tu que ce mal-être soit celui de ta génération ? Est-ce plus difficile d’aller bien en 2023 ?

J’ai l’impression que toutes les générations ont leurs névroses haha. Mais c’est vrai qu’on représente une jeunesse super renseignée, actrice d’énormes questionnements et changements sociaux. Tout ça est assez bouleversant du point de vue individuel, c’est ça que je chante dans mes titres. Il y a une rage qui naît en opposition au mépris que renvoient les personnalités et les institutions dont on pointe les failles du doigt. De notre sentiment d’impuissance naît une énergie du désespoir, on est une jeunesse blessée mais forte et combative !

Tu adoptes également un positionnement engagé. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Lorsqu’on est une personne queer, c’est dur de parler de soi sans être politique. Je ne pense pas faire une musique engagée au sens où l’entendent nos parents haha. Je ne parle que de mes potes et moi dans mes sons, simplement quand ton existence est politique, son expression l’est aussi.

Tu te présentes comme une artiste emo-core. Est-ce que tu peux nous expliquer ?

De plus en plus de projets musicaux comme le miens font appel à un tas de styles musicaux différents et galèrent à être casés dans un genre ou un autre. Ils ne sont pas incohérents pour autant, ils ont chacun une couleur bien particulière. Emo-core c’est le nom que j’ai trouvé à ma couleur musicale : Un bon revival d’emo-rock, emo-glam, emo-rap poussé à fond dans le caisson d’une rave douteuse.. c’est ça mon style musicale haha.

Tu as été retenue dans la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

C’est une chance de fou ! J’ai toujours fait du son sur mon ordi dans ma chambre et le dispositif des Inouïs m’a amené à me produire sur l’énorme festival du Printemps de Bourges ! C’est une belle reconnaissance et une opportunité d’amener mes chansons plus loin. On a pu être formés sur plein de questions liées aux métiers de la musique et j’y ai rencontré les artistes extraordinaires de la sélection 2023. C’était un moment inoubliable !

Quels sont tes projets ? C’est quoi la suite pour toi ?

Rejouer au Printemps de Bourges mais sur la mainstage cette fois haha ! Plus sérieusement j’adore monter des projets à l’esthétique forte comme MEMENTO, j’ai hâte de me pencher sur le prochain. J’aimerai travailler mon live pour offrir un spectacle grandiose qui soit un espace d’émerveillement pour toutes les personnes qui ne se sentent jamais vraiment à leur place. Et enfin j’aimerais prendre le temps de collaborer avec les artistes merveilleux.ses et inspirants.es que j’ai rencontré sur la route !

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  • […] quelques temps que chez Friction nous suivons attentivement le parcours de THÉA. Lorsqu’on l’avait rencontrée l’an dernier, elle nous avait dit avoir hâte de se pencher sur … Elle n’a pas chômé puisqu’elle dévoile aujourd’hui Paname Œstros Poubelle, un nouvel EP […]

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