Le texte suivant a été écrit lors de l’atelier d’écriture en ligne du 19 novembre dernier. Les participant-e-s ont écrit à partir de la photo suivante.
DEBOUT, SOULÈVE-TOI
Elle crie, elle hurle, et la foule reprend, et les autres perchées sur les poteaux, sur les canalisations, sur les excroissances du béton souterrain, font ricocher les cris tout le long de la galerie, comme des passeuses d’une torche enflammée
Et la foule reprend, enfle, comme une marée, comme une fusée qui commence par faire trembler le sol et qui semble presque s’enfoncer un peu plus avant de s’arracher de l’implacable force de gravitation terrestre, les visages rouges sous les néons, cramoisis, bordeaux, lie-de-vin, un kaléidoscope de flashs bourdonnants
Et elle crie, sans relâche, sans peur, sans retenue, goulûment, les veines du cou gonflées, en faisant sortir tout l’air de son ventre et de ses côtes et de ses épaules, et de l’autre côté de son îlot de pierre elle crie aussi, le poing levé, les cheveux en bataille, et soudain elle saute, elle décolle, elle s’envole et alors c’est le signal, et toutes elles fléchissent leurs genoux, leurs chevilles, elles tendent leur bras et leurs mains à plat ou à poing et elles transpercent le plafond, font s’effondrer les murs, pulvérisent le béton, anéantissent les néons dont la lumière liquide se déversent sur leurs coudes, rougissant leurs phalanges, leurs articulations, leurs lèvres, et c’est alors qu’elles sont debout, rouges, poussiéreuses et ivres de fierté, monstrueusement majestueuses et hurlant de joie parmi les gravats.
Elise