Incantations fougères
Il était une fois
une maison,
un toit,
un sanctuaire,
une forêt,
où, répondant à l’appel d’une cloche enchantée,
accouraient à tire d’ailes
de grands essaims de fées.
De belles créatures parfois écorchées par la vie,
des libellules aux ailes brûlées,
des reines de nuit,
des magiciennes du rire,
des faunes et feux follets flammes de fêtes fabuleuses,
de tendres guérisseuses et douces mystérieuses,
des rayonnantes, des guerrières, des orphelines,
des faciles, des timides, des amoureuses,
des lubriques et des hystériques,
des grandes gueules au grand cœur,
des à fleur de peau,
des qui ne demandent qu’à éclore et d’autres qu’à être cueillies,
des sombres, des sages, des folles et des poètes
– souvent tout ça en même temps
Toutes main dans la main œuvraient à faire famille,
s’affairaient en dansant au rythme des youhous.
Au pied de la montagne, seules parmi mousse et rivières,
habillées par la lune, filles protégées d’Hécate,
elles venaient se trouver ou se perdre,
devenir feu
son
astre
orage
poussière,
renaître au creux du lac,
se noyer dans l’œil bleu d’un loup.
Ma fée ma sœur, s’il te plaît révèle-moi
comment t’enraciner en moi
et à mon tour semer des graines dans ton cœur.
Mon amie mon amante, s’il te plaît apprends-moi
à donner comme tu donnes
et recevoir comme tu reçois,
à aimer comme tu aimes
à chanter ton nom comme tu chantes le mien.
Mon frère ma terre, qui es-tu, que fuis-tu,
qu’est-ce qui t’a porté jusqu’ici ?
Je veux te voir, te sentir, t’écouter, te goûter, te connaître,
accueillir et rendre tes caresses,
panser tes plaies et pleurer tes peines,
réciter à mon tour les mots qui ont tant fait vibrer ma chair.
Fougères ma terre. Mystère mater.