« It’s your turn » : KRIVERS nous parle de son premier EP

En 2017, Médhi Touré décroche un rôle dans 120 Battements par Minutes de Robin Campillo. Déclic spirituel : il se donne un an pour retourner la faveur à l’univers par ses propres moyens. KRIVERS condense toutes ses obsessions musicales, du trip hop de Massive Attack au funk synthétique de Prince, des nuits blanches passées dans les warehouses techno aux beaux jours de la pop mainstream. Entre Broadway et La Station, Madonna et John Maus, KRIVERS refuse de choisir.

Signé sur le label parisien Her Majesty’s Ship, il passe cette semaine à la vitesse supérieure en sortant son premier EP It’s your turn. On peut mesurer la distance parcourue depuis Karma, premier titre cold-dance dévoilé en 2018. Nous l’avons rencontré.

crédit photo : Florian Bouziges 

Tu es un artiste pluridisciplinaire. Est-ce que tu peux revenir sur ton parcours pour celleux qui ne te connaissent pas encore ? 

Je vivais encore à Montpellier lorsque j’ai fait mes premiers pas dans la musique. Je passais de la musique dans les bars. Juste avant de quitter le sud pour Paris en 2009, je faisais parti d’un groupe d’électro-pop dans lequel je chantais. En arrivant à La Ville Lumière, j’ai formé avec une amie un duo de djs, Les Taxidermistes. Notre truc, c’était la new-wave, la synth-pop, le post-punk et pleins de trucs barrés des eighties. Nous avons écumé pas mal de bars et clubs parisiens. La frustration s’est faite sentir au bout d’un certain temps, lassé de jouer la musique des autres, j’ai eu envie de créer mes propres sons. Il fallait un déclic. Paradoxalement, c’est le cinéma qui m’a permis de sauter le pas; en 2016, j’ai décroché un rôle dans le film 120 battements par minute de Robin Campillo et cette fabuleuse aventure m’a donné la confiance qui me manquait pour m’épanouir en tant qu’artiste. Composer, produire et sortir ce disque c’était aussi un moyen de montrer ma gratitude et ma reconnaissance envers cette expérience. Ma rencontre avec le label Her Majesty’s Ship records a été décisive pour mener à bien mon projet. Entre mes premières scènes, et la production de mon premier EP, j’ai pris le temps qu’il fallait mais voilà nous y sommes!

Si tu devais présenter ton EP, en quelques lignes, tu dirais quoi ? 

Il s’appelle “It’s Your Turn”, il parle de pièces sombres, des gens de la nuit, de fringues, de pacte amoureux et d’audace. Il condense toutes mes obsessions musicales, du trip-hop de Massive Attack au funk synthétique de Prince, des nuits blanches passées dans les warehouses techno aux beaux jours de la pop 80’s mainstream. Il s’écoute tranquillement de jour au casque comme il se danse follement la nuit ou vice versa…

crédit photo : Florian Bouziges 

C’est quoi qui t’inspires pour écrire de la musique ? 

Tout simplement la Musique. La Musique avec un grand M. Ces moments nostalgiques, lorsque mes parents écoutaient de la musique toujours très forts, sur cette grande chaîne stéréo. Là, je découvrais la musique ivoirienne de mon père et le raï algérien de ma mère, un cocktail très festif. Sans aucun doute, C’est de là que me vient ce goût pour le rythme. Puis il y a les sons que j’ai découvert par moi-même, qui ont révélé en moi une véritable curiosité pour la manière dont on construit un morceau. En cela, la musique électronique a été plus qu’une inspiration; une révélation pour moi de par son aspect architectural, de la plus simple construction rythmique à la plus monumentale des symphonies synthétiques. Je puise aussi mon inspiration dans l’aspect plus instinctif de la musique; comme celle que l’on chante, l’idée de refrain, ce truc qui rassemble, qu’on retient et celle que l’on danse, viscérale, qui galvanise le corps et l’esprit. Aujourd’hui, je suis aussi très influencé par les artistes que je rencontre, par les films ou les séries que je regarde, par mes virées nocturnes. J’ai envie que ma musique soit une sorte de bande son de ma vie, la vie telle qu’elle est aujourd’hui mais aussi comme elle était à fin des années 80 et pendant les années 90.

Comment est-ce que tu t’occupes en ce moment ?

Je compose de nouveaux titres, je replonge dans de vieilles démos. Je rassemble tout ça en vue du deuxième Ep ou pourquoi pas un album. Puisque qu’il est impossible de se produire sur scène, je me concentre beaucoup sur les réseaux sociaux pour me présenter et présenter mon projet; en quelque sorte je plante mon décor. Il y a eu mon premier clip réalisé par Hélène Mastrandréas pour Drink The Wine et la collaboration avec l’artiste Vava Dudu pour le visuel de l’EP et la vidéo de Freaks, le second extrait. 

Tes prochains rendez-vous? 

Des concerts! Je l’espère le plus vite possible pour enfin partager ce que je fais avec le public. Je voudrais fêter la sortie de ce premier Ep sur scène. Hélas, il est difficile de poser une date. Je proposerais, quoi qu’il arrive, un concert qui pourra prendre une forme différente. Il y a aussi la préparation d’un nouveau clip ainsi qu’une résidence de création pour le live et le prochain Ep. Bien qu’on traverse une période inédite, l’envie de créer et de partager et toujours aussi présente. Il faut maintenant réfléchir à des façons alternatives et nouvelles de le faire ! 

KRIVERS – It’s Your Turn
(Her Majesty’s Ship / PIAS France) – sortie le 29 mai 2020

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