L’imparfaite : Revue charnelle #5

L’Imparfaite, revue érotique associative, prépare son numéro #5. Sur papier soigné, photographies dénudées, textes courts et analyses profondes s’y mélangent avec délice. Lancée en 2008 par des étudiants de Science Po dans le but de nous ouvrir à une sensualité qui manque à un certain porno, elle suit son petit bonhomme de chemin crapuleux.

L’équipe est composée, hors pigistes, de six bénévoles répartis au sein de trois pôles : journalisme,  photographie et recherche. On rencontre Myrtille, chercheuse pétillante bientôt exilée à Berlin autour d’un café américain dans le quartier de Sentier, elle nous explique que « l’intérêt de l’imparfaite c’est de pouvoir restituer plusieurs histoires différentes, une multiplicité de points de vues. Derrière la pratique sexuelle il y a des gens et une culture. Notre but est de donner accès à ces pratiques sans jugement ». Ces propos nous font furieusement penser à un certain Stephen du Tag Parfait. Lorsqu’on lui demande son avis sur le côté clairement intello de l’ouvrage, elle nous répond que finalement « c’est vrai que c’est assez intello. On vise un public qui nous ressemble assez, même si on essaye de s’ouvrir. L’Imparfaite, c’est surtout un point de vue réfléchi et intellectualisé sur la sexualité. » On acquiesce, forcement pour réfléchir il faut lire, un peu.

D’ailleurs, au sommaire, une étude sur les noirs gays et lesbiennes en Île de France que nous trouvons particulièrement d’actualité, des photos dont l’esthétisme est loin des chattes épilées qui envahissent les tubes pornos cachés dans le dossier xxx de nos favoris. Mais aussi un focus sur la playnight (la nuit lesbienne), des fel­la­tions de chauve-souris, du porno à Prague et des zom­bies chez les anthropologues. Entre intello et lol, tout de même.

L'imparfaite, revue érotique - Friction Magazine lecture
La couverture de l’imparfaite #5, le 6ème numéro en partant de #0

Entre deux gorgées, on discute de notre génération que L’Imparfaite symbolise assez, finalement : une association de jeunes diplômé(e)s qui donne bénévolement de son temps et de son énergie pour produire un écho différent et original. Qui veut « créer un espace de discussion pour et par la génération dite porno, x, y ou z, comme ils veulent ». Pas du tout pour des gens qui commentent sans vraiment la vivre, la comprendre, cette génération. Myrtille ironise alors « on fait tout gratuitement mais sinon on ne s’engage pas, on est pas militant. » Lorsqu’elle évoque la réunion du vendredi soir, je souris franchement.

On finit la discussion sur la culture porno, « une culture à part entière » pour résumer, je note le nom d’un site qui m’a l’air très instructif mais que je ne peux partager qu’au plus de 18 ans, puis nous nous quittons sur un « à bientôt » qui sonne comme jeudi. Jeudi soir pour être précis. En effet, L’Imparfaite sort sa robe de soirée échancrée et ses DJs sexys/sexuels pour une soirée de lancement sous le signe d’Eros (et pas Ramazzotti).

Rendez-vous au  9B, boulevard de La Villette dès 19h30 13€50 en main, vos hormones sur du pain, prêts à écouter les chansons sélectionnées par le collectif Fils de Venus et Aamour Ocean.

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Noir.e.s gays et lesbiennes en ile de france : construction de soi, trajectoires et sociabilité. Friction Magazine queer

“Derrière chaque histoire érotique il y a une histoire humaine qui embrasse un discours social, politique et esthétique. C’est précisément cette histoire que nous voulons raconter.”

Une revue dont fait également partie le journaliste Quentin Girard.

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