Jonas est le premier roman de Lily Arcoeur publié aux éditions Hugo New Way. C’est l’histoire de Louve, seize ans, qui vient d’entrer en classe de première scientifique à la rentrée 2012 et de son frère, Jonas, un an de moins.
Louve crushe sur le nouveau du lycée, William, un bel anglais autour duquel tournent toutes les filles. Jonas, lui, est engagé dans de nombreuses associations et défend ses idées progressiste à la table des repas. Pourtant, tout ne se passe pas si bien que ça à la maison, notamment à partir du moment où leurs parents, catholiques convaincus les enrôlent dans les manifestations de la Manif pour Tous à l’automne 2012. Louve pense vivre sa première histoire d’amour quand elle surprend son frère et son petit-ami en train de s’embrasser. Commence alors une lente descente aux enfers pour Jonas : harcèlement au lycée, rejet de sa famille, dépression.
« Elle m’a dit qu’elle m’aimait « quand-même ». Ça change tout, ces deux petits mots. Parce qu’un jour on est un fils qu’on aime sans conditions, et le lendemain on n’est plus qu’un fils qu’on aime « quand-même »; malgré quelque chose. Et ce n’est pas à cause de quelque chose qu’on aurait faite. C’est malgré quelque chose qu’on est, comme une tare. Maman « m’aime quand-même », malgré ma tare, voilà ce qu’elle a dit. »
Louve se sépare de William, qu’elle tient responsable de ce qui arrive à son frère, dont elle s’est aussi éloignée. Elle observe impuissante le désespoir de Jonas qui subit les colères de leurs parents. Il faudra que Jonas touche le fond pour qu’évolue enfin la situation dans la famille. Aidée d’Arthur, son nouveau petit-ami, Louve va prendre soin de son frère. C’est grâce à l’amour de sa sœur, mais aussi aux retrouvailles avec une tante lesbienne en couple et avec un enfant, que Jonas va peu à peu entrevoir un futur lumineux où il pourra s’accepter lui-même.
Jonas est un roman destiné aux adolescent-e-s qui a le mérite de revenir sur une période qui a été traumatisante pour beaucoup de LGBTI et de montrer que ces traumatismes ont pu être surmontés. Si l’on fait abstraction des quelques incohérences qui émaillent le récit (Louve utilise Instragram pour contacter sa tante en 2012 et Stonewall est à San Francisco par exemple…), on saluera un récit haletant qui fait du bien et qui n’est pas sans évoquer les récents témoignages de jeunes LGBTI victimes de la Manif pour Tous.
Il est beaucoup question d’amour dans Jonas, et c’est bien ce qu’on en retiendra. Un récit qui fait du bien, alors que plane toujours le spectre de la Manif pour Tous sur les débats concernant la PMA.