Trop noir, trop blanc : Une enfance sud-africaine dans la peau d’un Métis est l’autobiographie de l’humoriste Sud-Africain Trevor Noah. Trevor Noah est le présentateur de l’émission The Daily Show émission culte de la chaîne Comedy Central, c’est également lui qui présente la cérémonie des Grammy Awards, par exemple. Il fait désormais partie des personnalités qui comptent dans le paysage médiatique aux États-Unis, comme en témoigne la liste de ses invité-e-s, de Barack Obama à Bill Gates, en passant par Pharrell Williams ou Anthony Fauci. Son autobiographie Trop noir, trop blanc : Une enfance sud-africaine dans la peau d’un Métis (Born a crime) est parue en France au début du mois d’avril, publiée aux éditions Hors-d’atteinte et traduite par Michael Belano et Marie Hermann.
Il ne s’agit pas ici d’un récit respectant la chronologie des faits mais d’une succession de courts chapitres extrêmement incisifs qui reviennent sur la jeunesse du présentateur en Afrique-du-Sud. Trevor Noah est né en 1984, sous l’Apartheid donc, et a grandi pendant les premiers temps de la démocratie. Né d’un père blanc et d’une mère noire, il est né dans une société où les relations entre personnes blanches et noires étaient illicites. Il revient sur son parcours d’enfant métis dans une société fondée sur la ségrégation où les individus étaient séparés et classés en fonction de leur couleur de peau. On en apprend beaucoup sur l’époque de l’Apartheid en lisant Trop noir, trop blanc et sur les difficultés à se faire accepter pour une mère célibataire noire et son fils métis. Ainsi, l’ouvrage est un témoignage précieux sur la fin d’une époque, certes, mais également sur les bouleversements qu’a traversés la société sud-africaine suite à la libération de Mandela et à la fin de l’Apartheid. Les événements de la vie personnelle sont étroitement mêlés à l’histoire du pays.
Le charme de l’ouvrage est d’être composé de petits textes brefs qui rappellent le format du stand-up. Le récit des événements ne se départit jamais d’une pointe d’humour qui prête à sourire, y compris de choses tragiques, profondément racistes ou injustes. Il n’est qu’à peine question de la naissance de sa vocation, lorsque sont évoqués les premiers succès comme DJ ou comme humoriste, Trop noir, trop blanc retrace l’enfance et l’adolescence d’un jeune homme impertinent et malicieux. On le suit dans ses premiers émois amoureux ou encore dans ses magouilles dans le ghetto d’Alexandra et le style est toujours léger même lorsqu’il s’agit d’évoquer les violences conjugales dont sa mère sera victime. Un ouvrage resté trop discret dans la presse mais à mettre dans toutes les mains. On recommande.