Pasteur Charles lance son label Community Center

Chez Friction, on suit Pasteur Charles depuis longtemps. On le connaissait pour les tueries qui sortent sur son label Le Turc Mécanique, on le connaissait aussi comme DJ survolté, on le retrouve cette semaine pour le lancement de son nouveau label : Community Center. Et il lance les hostilités avec un mix d’Ixpé, l’un de nos DJ pref, boss de la Discoquette et des Disques du Lobby. Rencontre.

(c) Thomas Mensous

Pourquoi lancer un nouveau label maintenant ? 

Depuis que je suis DJ, je rencontre pas mal de gens que je trouve inspirants et qui font des choses passionnantes. J’en ressens une energie assez folle, et ça me touche beaucoup. Depuis des années, je sors des disques avec Le Turc Mecanique, et je crois qu’en fait, c’est mon truc. C’est mon moyen d’exprimer l’amour et l’importance que je porte à tout ça. Je me suis rendu à l’évidence : j’avais vraiment envie de remettre le couvert et de m’attaquer à ce que je trouvais si beau dans les scènes clubs locales qui virevoltent autour de nous.

Tu commences par sortir un mix de notre copain Ixpé. Comment s’est fait la collaboration ? 

On est mega potes, c’est vraiment une des personnes au monde sur lequel je peux le plus compter je crois. C’est rare, c’est précieux, donc ça me faisait très plaisir d’ouvrir cette série complètement kamikaze de CD mixés par un de ses sets. Parce qu’au-delà du fait d’être un proche, c’est aussi un excellent DJ, qui développe une espèce de chaleur rassurante, un truc doux et euphorique, qu’on ressent de manière très directe dans ce set. C’est une émotion qui me semblait particulièrement juste pour lancer la série des Club Identity.

À l’heure du tout numérique, pourquoi avoir fait le choix du CD ? 

En fait, l’investissement que tu mets dans la sortie d’un objet physique donne du corps à ce qu’il y a dessus. Ça montre à quel point c’est important pour toi, c’est une manière unique de saluer de la musique. Or, les DJs, par définition, portent un art très volatile, très « vivant », et rarement fixé pour toujours dans un truc que tu peux garder précieusement chez toi, à moins d’être une méga star. 

Economiquement, c’est un choix complètement con qui va même s’avérer gourmand, parce qu’il y aura un rythme de sortie d’un volume par mois. Mais je veux baser l’énergie de Community Center sur celles de tou.te.s les fantastiques DJs qui m’entourent, parce qu’ils sont le cœur battant de la dance. C’est leur travail qui rend les scènes aussi excitantes, et ça me semble essentiel d’y rendre hommage. Au delà de l’achat unique d’un de ces CDs, j’ai lancé une option d’abonnement, pour recevoir toutes la série à la maison tous les mois pour 7 balles port compris, et je sens que les gens sont vraiment chaud.e.s à cette idée, y adhèrent et veulent soutenir, ça fait archi plaisir.

On peut s’attendre à quoi pour la suite ? 

Il va aussi y avoir des maxis en vinyle, dans une forme plus classique, resserrés sur l’idée d’une house débridée, qui flirtent très très fort avec la rave. Des morceaux plein d’énergie, tout à fond, « charismatiques ». On lance les hostilités le 4 décembre avec un disque qu’on a fait DJ Tsygan et moi, qui sent pas mal les belgian beats et qui, comme son nom « Maximal Dance » l’indique, est assez intense je crois. Ensuite on a déjà prévu deux autres disques hyper cool par des gens qui le sont tout autant, qui sont tous les deux des maxis très personnels et impulsifs et qui me rendent trop content. J’ai aussi craqué à l’idée de faire une mini compile de bangers de copain.e.s sortis parfois un peu n’importe comment sur internet, ou qui traînent sur des ordis alors qu’ils sont beaucoup trop bien pour y rester.

Ça te fait une casquette de plus, tu t’en sors avec tous ces projets ? Tu bosses comment toi ? 

En fait, on ne manque clairement pas de temps. On manque surtout de thunes. Là je t’avoue qu’avec ce lancement, je me baisse quand je passe devant ma banque pour pas qu’ils me captent. On compte plus que jamais sur le public pour faire tenir la baraque. Après, on trouve toujours des solutions, on se démerde. D’habitude, je fous mes cachets pour équilibrer les labels, mais tant que les beaux jours ne seront pas de retour, on est 100% tributaire de l’envie des gens de nous suivre sur des projets comme ça. Bon et peut être aussi du chômage, mais ça va pas tenir bien longtemps. Alors si ce que propose le label vous parle, franchement, hesitez pas à être kiffeur.se.s, choppez les disques pour chez vous.

Ça fait quoi de lancer de nouveaux projets en pleine apocalypse ?

Si tu regardes internet et que tu vires toutes les merdes des gens qui donnent leur avis sur tout alors qu’on leur a rien demandé, tu trouves une super énergie, des gens qui postent des morceaux chanmés, des mixes trop bien. Faut pas laisser ce flux se tarir, faut le stimuler, l’alimenter, donner du corps à la passion. On ne peut pas faire la fête, mais on en a toujours envie, ça ne s’arrêtera pas.

Avec l’énorme cool down que provoque la période, je crois, j’espère, qu’on arrive au bout d’une ère assez négative où tout le monde se compare avec tout le monde, dans une course à l’égo complètement fuckée. On prend tous.tes conscience qu’il est temps de se serrer les coudes, de se soutenir, de regarder ce que font les autres avec bienveillance, et non plus comme un obstacle à ses propres réussites. Je crois qu’on en termine avec une époque d’hyper toxicité des DJs et producteur.rice.s entre eux, et ça stimule vraiment l’envie collective de faire des choses chanmés. Et de ça, il ne peut en sortir que le meilleur, alors c’est méga excitant.

Community Center sur bandcamp et Facebook

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