Déconstruction en instance est un cycle de neuf poèmes qui parlent d’une relation non-exclusive et questionnent la place que prend l’amour dans ces relations. Ecrits depuis une posture tantôt romantique, tantôt ironique, tantôt théorique (ou les trois à la fois), ces textes sont traduits du russe vers le français et inversement, dans un espace intérieur bilingue qui est celui de la migration et de l’exil. Sensibles aux espoirs, aux peurs et aux élans ratés, ils reculent plutôt qu’ils n’avancent, pour arriver à un point zéro, où tout est possible, mais plus rien n’a valeur de certitude.
Les textes de Lenny Smirno sont illustrés par Faust Lust Smiatek.
Déconstruction en instance
Neuf pas dans un (poly)amour
6. Tempête
Le cœur d’hiver ouvert
Mes mains cherchent les siennes
Dans un labyrinthe d’arbres, de ruisseaux, de petits chemins dans la forêt humide de Noël
Mes mains dans les poches cherchent sans oser
Oser un mouvement, un geste, oser l’approcher
Nous sommes proches comme les branches des arbres
Sans jamais pouvoir se toucher
Puis la tempête se lève
Quelque chose est cassé définitivement
Et me voilà dans ses bras
Le cœur ouvert, pour ne pas dire scindé en deux
Larmes de peur, larmes de gratitude
A la tempête d’avoir décroché les branches