On vous avait annoncé il y a quelques temps la journée dominicale XXX organisée par La Mutinerie au début du mois d’octobre. Notre envoyée spéciale Zaz vous raconte.
« Une fois entrée, les mêmes visages mais plus rouges et plus moites, les mêmes look mais avec moins de tee-shirt et moins de culottes. »
Ce soir-là, les yeux brillaient, pétillaient, humides de questions et d’envies.
On a troqué le fameux « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » pour « qu’est-ce que tu fais comme pratiques sexuelles dans la vie ?» L’occasion de se penser plus dans la diversité et la pluralité et donc moins dans l’orientation sexuelle que dans les pratiques sexuelles, pour ainsi poursuivre l’approfondissement des connaissances du multiple et du pluriel, dans la rencontre queer.
La mut’ était ce soir-là conviviale et intensément sexuelle, un lieu idéal car connu, rassurant, et pratiqué. Si inquiétudes il y avait avant de franchir la porte de ce genre de soirées, ici les appréhensions tombaient comme des vieilles croutes de peintures de la maison de vacances de famille. Une fois entrée, les mêmes visages mais plus rouges et plus moites, les mêmes look mais avec moins de tee-shirt et moins de culottes.
Une soirée qui n’engage rien d’autre que nos intimités, nos corps, nos affects, nos folies douces, nos créativités, nos limites, nos fantasmes, nos peurs, encadrés par les initiatives safe-sex de l’association FièrEs et par l’équipe de La Mutinerie.
Ce qui a particulièrement marqué ce rendez-vous à la Mut, il me semble, c’est la nature des interactions : un voile sur la sexualité a été enlevé, comme si on retirait une pâte dense et opaque d’entre tou.te.s pour penser ensemble les corps, les fantasmes et les sexualités dans l’immédiat et sur le topos du collectif. Ça pensait sexe, ça parlait sexe, ça buvait sexe, ça touchait sexe dans un explicite au su et au vu de tou.te.s sans intermédiaire, sans gêne et sans négation.
La communauté pour partie « novice » en sex-party a passé cette soirée dans une volonté de décloisonner la sexualité de la contrainte normative. Nous n’étions pas dans une soirée same-sex ou homonormative qui engage un type de corps, de genre, de sexualité. Les silhouettes Trans-meuf-gouine-queer se sont érotisées à travers une scénographie en rideaux noirs profilant des ombres chinoises se culbutant sous la lumière complice. Les plis des drapés entrouvraient des scènes érotiques, des visions pornographiques, des morceaux de corps. Les râles s’imbriquaient dans la musique et la musique dans les râles.
La danse et la baise cohabitaient laissant libre choix au participant.e.s de se déshabiller ou non. Pas besoin de baiser pour participer ! Pas d’injonction à une sexualité sur place ! Un regard voyeur et quelque peu pervers suffit pour profiter pleinement de la soirée.
Il parait important de poursuivre ces initiatives, d’entreprendre à développer des lieux plus adéquats mais dans le même esprit pour poursuivre l’apprentissage et laisser au vestiaire nos jalousies, nos peurs, nos auto-limitations qui, a force de frictions, d’expériences et de créativité feront un gros fist à des millénaires de sexualité contraignante et hétéronormative dont il est urgent de se défaire.
Merci encore et hâte de la prochaine.
PS : Ce qui s’est passé à la Mut reste à la mut.
PS bis : Désolée encore tu es très fâchée ? Je m’inquiète un peu si tu ne vas pas me parler pendant encore un mois.
J’étais défoncé :/
Je n’ai pas réfléchi.
Kiss you