ANGST, le nouveau rendez-vous nocturne du collectif Spleen Factory, rassemble l’art, la techno et la mode et s’entoure des artistes et DJs qui font vibrer la scène alternative européenne d’aujourd’hui. La première aura lieu le 10 mars, au 142 rue Montmartre, l’ancien Social Club/Salò. Pour l’occasion, Spleen Factory accueille l’artiste Bruce Labruce, le cinéaste subversif, qui présentera pour l’occasion une scénographie immersive, conjuguant image et vidéo. Il n’en fallait pas plus pour nous mettre l’eau à la bouche. En attendant, nous avons posé quelques questions au collectif Spleen Factory. Rencontre.
Friction : Encore une nouvelle soirée ?
Spleen Factory : On est insatiables!
La soirée s’appelle Angst, peur en allemand, c’est peut-être pas très rassurant, si ? Pourquoi avoir choisi ce nom?
Spleen Factory, le collectif créatif qui organise la soirée ANGST, propose aussi un magazine papier, des collections de vêtements, des expositions. Notre fil rouge, c’est la mélancolie adolescente, la contemplation un peu tristoune. Le terme ANGST est un peu intraduisible, il mélange l’angoisse et la peur, et il retranscrit bien cette idée un peu romantique et fataliste qui consiste à sortir danser inlassablement pour chasser ces sentiments tout en sachant bien qu’on les nourrit en le faisant. On fait dans le clubbing tragique! Mais on aborde ces thématiques avec pas mal d’ironie – ANGST, ça vient surtout de Teenage Angst, une chanson de Placebo qu’on aime toujours parce qu’on est des ados attardés.
La soirée est placée sous le signe du queercore, vous voulez bien nous expliquer ce que c’est ?
Bruce LaBruce a utilisé le terme Queercore en premier dans les années 1980 pour justifier sa démarche artistique via un filtre sociologique et politique engagé et plutôt extrême. En 1985, il écrit le manifeste « Don’t Be Gay », qui le désolidarise de l’homonormativité qui s’installe, des schémas que les gays et lesbiennes un peu WASP de l’époque empruntaient pour s’intégrer à la société. Aujourd’hui, la scène queer est vibrante et elle s’émancipe de plus en plus de ces schémas là. Avec ANGST, on veut célébrer cette belle jeunesse queer, et envisager son désir d’émancipation comme une forme de nouveau romantisme, un truc qui colle bien à l’idéologie de Spleen Factory.
C’est pour cela que vous avez tenu à inviter Bruce LaBruce ? C’est un invité prestigieux pour un première…
Bruce LaBruce est un type extra. Nous avons collaboré avec lui pour le troisième numéro de Spleen Factory Magazine, il s’est montré très enthousiaste envers nos projet et nous apporte son soutien dès qu’il le peut. Il est assez barré, on l’aime pour ça. Pour ANGST, on voulait proposer un peu plus que de la techno, on voulait investir l’espace de façon hyper immersive, pour fournir une véritable expérience. On voulait aussi s’assurer que la soirée soit identifiée comme un espace queer dès le départ. De notre côté, le brainstorming a dû durer 23 secondes. On a pensé à Bruce direct et il a accepté. Nous avons plein d’artistes en tête pour nos futures éditions, mais pour la première, sa participation nous a paru évidente.
À quel public vous adressez-vous ?
Aux jeunesses romantiques, activistes ou non, à celles et ceux qui veulent s’amuser dans un espace sans contrainte, sans tabou. On veut créer un espace de liberté pour tout le monde et on invite tous ceux qui sont curieux de voir de quelle manière nos collaborateurs et nous faisons du queer quelque chose de beau. ANGST n’est pas un espace exclusivement militant – c’est un lieu d’échange. Chez Spleen Factory, nous ne faisons pas de la politique, nous faisons du beau tout en soutenant à fond les actions menées par les collectifs qui luttent pour notre place au soleil.
Vous en pensez quoi du clubbing queer, en ce moment, à Paris ? Il se porte bien ?
L’époque est très intéressante. Le queer envahit les clubs, les pages des magazines, les podiums. Il s’exprime de plus en plus fort, c’est très excitant. Certains collectifs qui se reconnaitront ont pavé la voie pour un nouveau clubbing à Paris et nous leurs en sommes reconnaissants. Depuis quelques années, on s’éclate en club à Paris, et on s’y sent libres. Bien sûr, il y a des déboires et des menaces qui pèsent sur sa survie, mais nous pensons qu’avec la créativité de tous on parviendra toujours à continuer la fête.
Et si vous deviez ne donner qu’un seul argument pour inciter à venir à la soirée, ce serait quoi ?
Franchement t’as pas envie du FOMO monstrueux que tu vas avoir en regardant les stories Instagram de tes potes le lendemain de la soirée. Du coup n’attend pas la prochaine édition, fais nous confiance et viens danser avec nous!
Samedi 10 mars 2018,