Discoquette : un « cocktail de sincérité et de simplicité » qui fonctionne depuis six ans

De collectif à collectif, à Friction on considère un peu la Discoquette comme nos BFF : toujours présent·e·s pour nos soirées de solidarité et évidemment toujours prêt·e·s à faire la fête. Et comme nous, la Discoquette a eu le bon goût de naître en 2017… Mais en six ans, pas mal de choses ont changé et faire vivre un collectif sur la durée n’est pas toujours facile. Avant donc le grand Discoquette Birthday Extravaganza le 7 octobre à Petit Bain, on a voulu poser quelques à Ixpé pour connaître les secrets d’un succès qui dure.

Il y a six ans, la Flash Cocotte, la Kidnapp’, la Wet, la Trou aux biches existaient déjà, la House of Moda régnait encore… Qu’est-ce qui vous a réuni pour créer une nouvelle soirée ? 

Ixpé : Tout simplement l’envie de se réunir entre ami·e·s, de créer une soirée qui nous ressemble, de voir performer nos artistes favori·e·s. On n’aura jamais assez de teufs queer et de show drags. 

On a la chance énorme à Paris de vivre dans une ville où la scène queer est effervescente depuis quelques années. Je ne vois pas les autres soirées comme de la concurrence, mais comme une complémentarité proposée au public. J’ai un adage pour ça : « Plus on est de folles, plus on rigole !  »

Entre les Discoquette des débuts et maintenant, pas mal de choses ont changé : vous êtes passé·e·s de L’Officine 2.0 au Petit Bain (et c’est pas mal plus grand), le collectif est booké un peu partout en France… Est-ce que l’esprit de vos soirées est resté le même ? Ou est-ce que vous avez essayé de changer des choses ?

On se professionnalise, certes, mais l’esprit reste le même : l’envie de proposer quelque chose de singulier au public, avec ses qualités et ses défauts. On a testé beaucoup de formats différents — on va sans doute continuer d’ailleurs — c’est important de ne pas s’enfermer dans une recette facile. Chaque soirée ou événement est un challenge pour nous. Je tiens à proposer des lives autant que possible : ce n’est pas si courant dans le paysage de la teuf car cela demande beaucoup d’investissement (humain et financier) que nous ne pouvons pas assumer à chaque Discoquette. Mais le prochain sera celui du groupe 92 (Vilaine Dufrene et Rose Pelletier) pour notre traditionnelle Halloween À la folie (NDLR : dans le cadre du festival Bizarre, on vous en reparle très vite)… et ça risque sûrement d’être le plus excitant que nous ayons proposé !

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Le collectif a bougé aussi : certain·e·s sont parti·e·s, d’autres personnes l’ont intégré. Comment on fait travailler tout ce monde ensemble depuis six ans ? Y a-t-il du drama ? Quel est le secret de votre organisation ?

Nous essayons au maximum de rester flexibles sur notre organisation. À plusieurs reprises, certain·e·s membres ont souhaité faire une pause, ou se retirer totalement. On écoute, on comprend (parfois), on argumente, on se plante (aussi) mais surtout : on apprend. Ce n’est pas évident de gérer un groupe d’une petite dizaine d’individus qui ont chacun·e des métiers ou des activités en dehors du collectif. Le secret tient peut être dans la beauté du projet et de notre fierté à le produire. 

Et côté public, vous voyez des changements dans les attentes des gens ? les attitudes ? Est-ce que vous avez l’impression que le Covid a eu un impact sur les gens qui viennent ?

C’est toujours dur de cerner le public. Si c’était simple, ce ne serait pas amusant (mais ce serait beaucoup moins stressant !). Je dirais que ce qui a le plus changé, c’est la billetterie. Les gens se décident de plus en plus au dernier moment et c’est du coup assez complexe d’estimer le succès ou non d’un événement. C’est d’ailleurs un sujet pour de nombreux collectifs, établissements ou festivals…

Notre public, en soi, n’a pas tellement bougé. Il est toujours assez mélangé, motivé et beau (il faut avouer !). 

D’ailleurs Crame a dit un jour (c’était en 2019 dans Friction) : « Les meilleures soirées sont celles où les gens savent pourquoi ils sont là. » Du coup, les gens qui viennent à la Discoquette : pourquoi ils sont là ?

Je pourrais répondre la musique ou les drag shows, mais je pense que notre public est là car il ressent ce cocktail de sincérité et de simplicité que l’on met dans ce que nous produisons. 

Dans six ans on sera en 2029, on sera vieilles. Où sera la Discoquette ?

On ne sait déjà pas où on sera fin 2024 haha… Mais, il y a des envies : on est nombreux.ses dans le collectif à vouloir monter un lieu. Peut-être qu’en 2029, EVNR sera physio de notre club, Ok Pal sera au bar, Benjamin Starks à l’accueil artistes, A-440 aux lumières, Victoria et Gloria hosteront des shows tous les soirs, Nannä Volta négociera les deals avec les collectifs, Raphaël distribuera des paillettes à tous les twinks qu’il croise sur le dance floor et Leïla et moi seront en train de boire des coups en backstage à refaire le monde. Qui sait ? 

Le Discoquette Birthday Extravaganza c’est le 7 octobre à Petit Bain avec en drag guests Valenciaga, Mocca Bonè, Miss Tizy et Opale Nuage et toujours Victoria Lachose et Gloria Gaypierre + tout le Discoquette DJ Crew : A-440, Ba-Vic, Benjamin Starks, EVNR, Ixpé, Nannä Volta & OK Pal!
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