Dyketopia : le jeune collectif lesbien qui réveille la techno

Dyketopia est un jeune collectif qui entend célébrer à la fois les formes d’expressions dyke et queer et le gros son techno. Nous avons discuté avec Oriane et Ceyla, les deux fondatrices du collectif.

Dyketopia : collectif lesbien techno

Peut-être que l’on peut commencer par le commencement : qu’est-ce que Dyketopia ?

Oriane : Dyketopia est un collectif de soirées techno lesbienne & queer que nous avons créé début 2022 avec mon amie Ceyla.  Avec Dyketopia nous créons des espaces safe de rencontre et de fête, au sein desquels nous proposons à nos invité.es des dj sets, des performances, des shows drag, des stands, et une dykeroom/loveroom le plus souvent ;). L’objectif étant de proposer des évènements où, en tant que lesbiennes et queer, nous sommes enfin en majorité en soirée techno. 

Ceyla : Dyketopia, c’est un rêve partagé avec Oriane, co-fondatrice du collectif. C’est rallier les deux univers qui nous définissent et dont on fait partie intégrante mais qu’on ne voyait pas assez souvent ensemble : la communauté lesbienne et la soirée techno. Ce rêve est devenu réalité.

dyketopia
© Luc Bertrand

Le collectif est orienté plutôt techno. Pourquoi ? 

Oriane : D’abord car c’est la musique que nous aimons depuis toujours ! Nous avons cependant pu dans notre expérience nous apercevoir que le monde de la soirée techno était le plus souvent accaparé par des hommes cis. L’idée avec Dyketopia est donc de proposer des soirées et évènements techno dans lesquels le public est majoritairement composé de FLINTA [pour Female, Lesbian, Intersex, Trans and Agender, ndlr]

Ceyla : Vivre et grandir à Grenoble au moment où je suis rentrée dans le monde de la nuit y est pour quelque chose. Entourée de montagnes et d’amis (très) motivé.es, il ne m’a pas fallu longtemps pour expérimenter mes premières free parties. J’ai ainsi découvert la techno Acid, la HardTech, la HardCore, TribeCore… J’ai tout de suite été conquise car ce son qui me transportait, je pouvais me défouler et libérer mon corps dans un environnement safe, entourée des gens que j’aime, d’arbres et de montagnes. Ce sentiment de liberté, je ne l’avais jamais connu de manière aussi intense auparavant.

Est-ce que ça change quelque chose d’être gouine ou queer dans notre approche de faire la fête ou d’organiser des événements ? 

Oriane : En tant que lesbienne et queer, nous voulons tout d’abord mettre en avant au maximum les artistes FLINTA dans nos évènements. Nous nous efforçons aussi à garantir que les soirées soient les plus safe possible. La fête se doit être un moment de liberté et de lâcher prise, ce qui n’est pas possible pour moi en  “soirée hétéro”. Je pense que c’est le cas pour beaucoup de membres de notre communauté. Les lesbiennes et queers ont besoin d’espaces qui leur sont propres, pour se rencontrer, s’exprimer et faire la fête. 

Ceyla : Faire la fête c’est d’abord un moment de partage, se sentir bien dans son environnement. Depuis mon arrivée à Paris, j’ai toujours été entourée de la communauté queer-gay en soirée, donc un environnement déjà bienveillant, safe et ouvert à tou.s.tes. Dans l’organisation d’événements, c’est ce que je souhaite reproduire.

Pourquoi est-ce qu’il est nécessaire d’avoir des dynamiques communautaires pour les gouines et les personnes queer en particulier ? 

Oriane : Il est très important en tant que lesbienne ou queer d’avoir des espaces où nous pouvons nous exprimer en toute liberté. Dyketopia c’est justement une opportunité d’évasion et de liberté en dehors de cette société patriarcale hétéronormée où nous pouvons parfois nous sentir enfermé.e. et pas à notre place. En créant Dyketopia, nous voulions d’abord créer un espace de rencontre pour les lesbiennes et personnes queer, un espace où il est possible de se draguer de s’embrasser, ou + si affinités dans les backrooms que nous mettons à disposition dans nos soirées.

Ceyla : Que notre communauté lesbienne dispose de ses propres espaces est fondamental pour qu’on puisse se libérer et ne pas craindre d’être qui on est. Pour moi, c’était une vraie libération de pouvoir embrasser une femme en soirée sans penser les regards des autres. Mais il faut savoir le faire en acceptant tout le monde pour ne pas reproduire le schéma de non-ouverture que nous reprochons souvent aux soirées « main-stream ».

© Luc Bertrand

Est-ce que vous pouvez nous parler des perspectives du collectif ? C’est quoi la suite pour vous ? 

Oriane : Le collectif s’élargit, de 2  fondatrices à ses débuts, nous sommes aujourd’hui 8 membres actif.ves ! Nous sommes en train d’effectuer des démarches pour passer en association afin d’organiser encore plus d’évènements à Paris et ailleurs en France. Nous réflechissons également à l’organisation d’atelier d’initiation au mix pour lesbiennes et personnes queer. 

Ceyla : Le graal serait de participer à des évènements queer à grande échelle, en Europe ou dans le monde, et pas seulement lesbiens, pour montrer que les lesbiennes aussi ont leur place dans le monde de la soirée queer, avec des artistes danseurs  et djs talentueu.x.ses.

Si vous deviez résumer la fête quand c’est les gouines qui la font en un morceau de musique, ce serait quoi ? 

Ceyla : I kissed a girl – Katy Perry

Oriane : Sinon on vous laisse checker notre soundcloud pour vous faire une idée d’une soirée gouine quand il s’agit d’une Dyketopia 😉 

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