Les derniers jours de décembre sont une période assez traditionnelle pour se dire qu’on a eu une année nulle et qu’il est grand temps de passer à la suivante. Mais tout n’était pas pourri en 2019 ! Comme l’an dernier, la team Friction vous a préparé un best of 2019 pour entamer 2020 du bon pied.
Benjamin
Le podcast de l’année : Sortir les lesbiennes du placard par Clémence Allezard (France Culture)
C’est pas tous les jours qu’on est ému en écoutant un podcast de France Culture. En quatre épisodes, Clémence raconte une histoire politique et personnelle des mouvements politiques lesbiens. Au delà de tout ce qu’on découvre en terme historique, c’est extrêmement touchant. Mention spéciale à l’épisode 2 « Face à un féminisme hétéro » qui souligne à quel point nos luttes ne pourraient se passer d’interroger l’hétérosexualité elle-même… et que les militantes lesbiennes sont les premières à l’avoir fait.
L’album de l’année : Everything Not Saved Will Be Lost – Foals
Il se peut que je développe la même obsession pour Foals que lorsque j’ai découvert Antidote il y a dix ans. Sauf qu’en plus maintenant j’ai vu Yannis Philippakis et 🤤. C’est le genre de groupe qu’il faut voir en concert. Peut-être que je l’ai fait deux fois en 2019 et que j’y retourne en 2020 d’ailleurs…
La cérémonie de l’année : Les Out d’or 2019 de l’AJL
On y est allé avec les copines en se disant que ça pouvait être un moment sympa. C’était pas juste sympa, c’était dynamique, émouvant et inspirant ! Bravo l’AJL.
La performance de l’année : Clémence Trü au Monde Festival
Est-ce que la quintessence du drag n’est pas de s’emparer des violences qu’on subit pour en faire quelque chose de beau ?
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Izadora
Le livre de l’année : Wittig, bien sûr
Le corps lesbien, que je n’avais jamais lu, tout comme le Brouillon pour un dictionnaire des amantes. Les deux se lisent à voix haute et à deux (ou plusieur·e·s) au lit. Ne vous trompez pas, c’est du porno poétique lesbien. Et si vous me dites que parler de manger le vomi de votre amante ne rentre pas dans votre liste de préliminaires, que puis-je vous dire ? Vous connaissez pas l’amour, peut-être, c’est tout, et vous le connaitrez peut-être jamais. Mention spéciale à toutes les correspondances entre meufs qui m’obsèdent en ce moment. J’ai enfin acheté les lettres de Nathalie Clifford-Barney et Liane de Pougy — je suis à l’intro et je suis déjà KO. Les deux se rendent au théâtre pour voir Sarah Barnhardt jouer Hamlet — pas Ofélia, Hamlet. Un journal de l’époque dit : « le public comptait avec un numéro extraordinaire de femmes aux cheveux courts ». C’est la fin-fin XIXe. Vous savez, on n’invente rien. Sinon, après avoir regardé le film assez moyen sur la relation de Vita Sackerville-West et Virginia Woolf, je suis devenue OBCD par leur correspondance. On peut trouver des extraits sur internet, franchement, allez faire un tour, ça fait rêver de ouf. Bonus pour les enthousiastes du polyamour, je vous dis, on n’invente rien. Pareil pour la correspondance entre Emily Dickinson et sa belle soeur, Sue Gilbert.
Le film de l’année : Une fille facile
Ma sortie ciné la plus réjouissante depuis longtemps et mon ticket pour rejoindre la rédac de Friction !! Mais aussi Gazon maudit : franchement, on en a parlé dans le podcast Sortir les lesbiennes du placard, j’étais trop France cul-rieuse, je suis allée voir et le couple Victoria Abril/Josiane Balasko, c’est juste TROP MIGNON. Également recommandé pour les enthousiastes du polyamour. TW blagues lourdes et misogynes.
La série de l’année : Dickinson
La poète recluse reimaginée en tant que rebelle. C’est du pop, mais avec assez de fidélité historique. Scène de cul lesbien au deuxième épisode avec sa belle sœur, la personne à qui elle a le plus écrit de lettres de sa vie. Rien de plus lesbien, je suis OBCD.
Le concert de l’année : Gilberto Gil à Berlin
Dans un endroit dont je ne me rappelle pas le nom, pendant un festival qui s’appelle « Atlantique noir ». Gilberto Gil est un géant, un dieu vivant de la musique. Il a créé un mouvement musical — la Tropicalia, avec Caetano Veloso dans les années 1970, a été exilé pendant la dictature, ministre de la Culture sous Lula, joué avec Kofi Annan dans l’Assemblée générale des Nations unies… Il faut dire que leur délire de Tropicalia était à des moments plutôt queer : le groupe qu’ils ont créé avec la plus grande dame gouine de la musique brésilienne, Maria Bethânia, s’appelait Les doux barbares
Cet été, il a joué Drão, la plus belle chanson de rupture de tous les temps de l’histoire de l’humanité où il dit à sa meuf que « l’amour doit mourir pour renaître » et demande, à répétition, « qui pourrait tuer cet amour ? » juste pour pouvoir déployer sa métaphore macrobiotique de hippie des années 1970 : « l’amour est un semis. Il meurt et naît le blé ». Attends je vais checker, il doit être scorpion… Ah, non, merde, cancer. Enfin, un truc d’eau, je me suis dissoute.
Le festival de l’année : ACABaret/Avides Têmpetes
Moins cher que d’aller à Berlin, aussi réjouissant.
La teuf de l’année : Wet For Me post-pride
C’était la journée parfaite, la pride en soi étant un before assez bon enfant (je ne l’ai pas vu, mais même ma mère était quelque part), suivi d’un deuxième before (une soirée n’est pas vraiment réussie s’il y n’y a pas au moins deux befores ou deux afters) dans la chaleur hot hot hot de juin, les meufs ont commencé à enlever leurs hauts tôt dans l’aprèm. On est arrivé à la Wet après le DJ set de Sophie Morello, ce qui a été bien dommage, mais je me souviens d’avoir croisé tout le gouinistan, perdu un ecstasy entre les planchers de la terrasse du Cabaret Sauvage, dansé, avoir eu froid, géré du dramagouine, enfin, tout ce qu’on aime en soirée. On a fini, après pause au bord du canal, Chez Samir pour un after improvisé avec participation spéciale d’une meuf qui nous avait laissé son numéro avant qu’on parte de la soirée. Une histoire assez intense entre la barmaid de Chez Samir et une certaine jeune femme a vu le jour ce jour-là. En tout, 17/20.
Et du coup le bar de l’année c’est feu Chez Samir qui gagne aussi le best of after-pride et le best of projection de la Coupe du monde des femmes. Feu Chez Samir gagne aussi best of barmaid. Les vraies savent 😉
Le podcast de l’année : Respondendo em voz alta
Désolée je fais mon étrangère avec ses moments d’intraduisibilité, mais tant pis pour vous qui n’êtes pas lusophones, franchement, ce podcast est LE podcast le plus drôle de l’histoire radiophonique. C’est genre une meuf en première année de philo à l’ENS (mais brésilienne) qui décide de raconter N’IMPORTE QUOI sur la philo et sur le cul, les gens qui croient au « terre-planisme », l’amour etc. etc. etc. Sinon, Les couteaux poétiques sur Station Station c’est vraiment bien.
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Matthieu
L’événement de l’année : l’interview d’Adèle Haenel dans Médiapart
Ca a fait du bien à nos petits coeurs.
Le court-métrage de l’année : De la terreur mes sœurs
La dernière petite bombe d’Alexis Langlois avec un crew de meufs trans méga badass qui s’allient pour dézinguer la cis-suprématie : Naëlle Dariya, Raya Martigny, Nana Benamer et Dustin Muchuvitz.
La série de l’année : trop dur de choisir
j’hésite entre Years & Years, Euphoria, la deuxième saison de Pose et Les Sauvages, alors je les mentionne toutes les quatre.
Le spectacle de l’année : l’incendie de Notre Dame
Elu coup de coeur spectacle pyrotechnique 2019 de Friction (juste devant le Fouquet’s), sur lequel une artiste qu’on aime beaucoup a même posé quelques punchlines.
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Achille
Le mood de l’année : Le baiser – Indochine
C’était au printemps, à la fin d’un after quelque part dans Paris. J’ai redécouvert cette chanson en dansant mécaniquement, les yeux fermés, les pensées heureuses.
Le morceau de l’année : Melodic Flirt – TRYM
TRYM. Je connais absolument rien de ce mec mais sa musique me rend fou
Le 16 mars de l’année : au Fouquet’s
On a giletjauné le Fouquet’s ! J’aurais aimé qu’il ne rouvre jamais…
Le livre de l’année : La Communale, Marc Faysse
Aux Éditions du commun.
Le truc de l’année qui m’a fait prendre une décision : le Service national universel
Cette tentative flippante de mise au pas de la jeunesse mis en place avec la complicité d’un paquet d’associations d’éducation populaire dans lesquelles je me reconnaissais…
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Gaëlle
Soirées :
- La soirée d’ouverture de Comme nous brûlons au Landy Sauvage
- Shemale Trouble à la station
- Amazing twins à Magnétique Nord
- WhoreMoans à Berlin
- Whole festival
Film : Deux en clôture de Chéries-Chéris
Insta : safelymeme
Mention spéciale pour : le travail du CLAQ & Sang Rancune
Album / Musique :
- Boy Harsher
- Lebanon Hanover
- Le remix de la chanson de la haut de Véronique Sanson par Chris
Livres :
- La gentrification des esprits – Sarah Schulman
- Tout ce que fait Fabcaro (même si je connaissais déjà)
- Les fanzines de Friction !!
- Le spectacle de Rebecca Châtillon sur le foot, ce n’est pas un livre mais ça pourrait.
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Best of best de l’année : la grève ✊
Et bonne année ❤️