Ceci est la troisième occurence de la chronique Mécanique des fluides. Pour relire les précédentes, cliquez ici.
ECRIRE, DIT-ELLE: UNE INCURSION LIBRE (MAIS AVEC DES CROCS)
Ce pourrait être un article à mi-chemin entre la réflexion « universitaire » et une écriture poétique/imagée. Mais mon intention ici, pour cette troisième chronique de notre « Mécanique des fluides », est d’aborder un angle différent.
Je voudrais vous proposer une réécriture contemporaine de Dracula, sous des augures queer. Ses influences empruntent tant à la mythologie formidable d’Angela Carter (The Passion of New Eve, The Magic Toyshop, The Bloody Chamber), qu’aux « Confessions » de l’actrice X Erika Lust – et en particulier bien sûr le formidable film Vampire and Prey. Le texte déborde d’influences diverses : André Breton, Jean Lorrain, occurrences bibliques, Christine and the Queens…
Dracula est l’œuvre obsessionnelle, point de départ de mes recherches, pertinente à la fois en terme de corpus, de thématique et de chronologie. C’est définitivement une œuvre nodale, dont la canonicité me sert à tirer des traits et développements pour chacun des fluides qui m’intéressent (sperme, menstrues, lait). Tout le système d’échange de sang dans le roman est extrêmement parlant. Par correspondance des humeurs (une théorie qui ne nous est donc plus étrangère), ce sang prend tour à tour allure de sang menstruel, sang de la défloration, sang de l’accouchement, mais aussi de sperme (la charge érotique du texte de Bram Stoker n’étant plus à prouver) et de lait maternel (il faut boire le sang du monstre pour (re)naître vampire).
Cette nouvelle que je vous présente est intitulée Mina’s diary. C’est, très simplement, une variante menstruelle du roman originel, un petit conte à la fois érotique et initiatique. Pour une question existentielle : can vampires smell my period ?
« MINA’S DIARY »
Elle s’était toujours demandé si les vampires pouvaient sentir quand elle avait ses règles, et si cela la rendrait plus désirable, ou plus vulnérable à leurs yeux. Seraient-ils plutôt affamés, ou excités par le sang qui coulait entre ses jambes ? Auraient-ils envie de la dévorer, ou bien de la savourer, la consommer d’une toute autre manière ? Est-ce qu’ils pourraient sentir l’odeur de son sexe, sacrifié chaque mois à l’autel de la féminité, depuis une grande distance, comme certaines espèces de requin (elle l’avait lu dans un livre sur la vie sous-marine) détectent une simple goutte de sang à plusieurs kilomètres ? Ou bien seraient-ils capables de savoir, rien qu’en la voyant, en une sorte d’instinct de prédateur, que dans le secret même de son ventre, au plus profond de son corps, s’épanouissait une douloureuse fleur rouge ?
Mina était vierge. Ce genre de pensée était les plus érotiques qu’elle pusse concevoir, dans sa naïveté troublante d’enfant sage. Avec sa blondeur pâle, vaguement lunaire, et sa peau fragile sous laquelle se devinait un fin réseau de veines délicates couleur lavande, elle était une proie toute désignée, une victime parfaite. Seuls ses yeux, deux tâches noires où l’iris se confondait avec la pupille – deux perles d’obsidienne de cette eau froide des gemmes semi-précieuses – trahissaient une profondeur pythique.
Elle avait pris l’habitude de laisser la fenêtre de sa chambre ouverte, le soir, en signe d’invitation. Juste pour voir. Une sorte de signal, un appel – peut-être une bouteille à la mer. Au fil du temps, le jeu était devenu un rituel soigneusement orchestré: dès le crépuscule, pendant l’heure bleue au plus tard, quand le soleil commençait à se noyer dans son or en baignant les montagnes de ses derniers rayons, et que tout semblait un mélange d’indigo et de pourpre magnifique, de cobalt et de garance, elle montait dans sa chambre, traversait le lit et tirait la cordelette destinée à ouvrir les rideaux (de lourdes tentures en damas ouvragé, définitivement d’un autre âge). Là, avec révération, elle écartait le voile de mousseline qui caressait doucement encore les vitres, comme animé d’une volonté propre, puis tournait la poignée de la fenêtre – une antiquité grinçante en métal sculpté.
Les nuits profondes d’hiver étaient ses préférées, car le froid polaire, qui d’ordinaire dessinait des arabesques complexes de givre sur le verre extérieur, menaçant de le briser, s’engouffrait alors de toutes ses griffes dans la pièce. Il apportait avec lui des aiguilles de pin et autres flocons à la brûlure subtile. Ce froid glacial et pur comme il ne s’en ressent que dans les montagnes, avait une exigence bien particulière: il demandait avec force qu’on le ressente, réclamait qu’on l’éprouve, comme un amant capricieux qui ne souffrirait pas d’être négligé. Il n’avait rien de la moiteur éthérée, paresseuse, des nuits d’été.
Donc, les soirs d’hiver, quand elle avait ses règles – en particulier lorsqu’elle saignait très fort (les deux premiers jours, elle pouvait remplir quasiment un verre à vin de son fluide, ironique grand cru, quand la fin de la semaine n’apportait rien d’autre que quelques dés à coudre), Mina ouvrait grand sa fenêtre pour les vampires, et découpait dans la nuit un faisceau jaune provoquant, un phare ouvert aux navires cosmiques. Elle attendait la marée céleste, la lumière comme dernier geste, véritable fiat lux au cri muet.
Que faisait-elle alors ? Elle laissait le froid resserrer sur elle son étreinte, sur ce jeune corps tendre, le constellant de frissons de souffrance et de plaisir mêlés. Il la saisissait immédiatement, jusqu’à ce que les traits de son visage se figent, pétrifiés comme sous le regard de Méduse, et qu’elle ait l’impression que chaque dérangement de sa chair (un froncement de sourcil, une plissure le long de son nez droit, le creux d’une fossette) mettait de longues minutes à se résorber. Le froid veut que l’on bouge lentement. Son rythme est celui des temps suspendus, sur lesquels il faut s’aligner pour survivre: il faut ralentir son pouls battant. Une douce torpeur envahissait progressivement Mina, un voluptueux engourdissement, l’ombre d’un nénuphar dans le poumon. Insomniaque, elle demeurait là à en être bouleversée, lèvres bleues, ecchymoses peintes à l’aquarelle sous les paupières et le long des côtes, l’astre de la lune prenant obscènement possession de ses yeux tandis qu’un sillon de sang vermillon glissait le long de sa cuisse, coagulant comme de la sève épaisse.
Ce soir là, pourtant, fut différent. Après avoir ouvert la fenêtre, un peu tard par rapport à d’habitude, Mina décida de prendre un bain. En laissant tomber ses vêtements sur le sol froid, clair et bleu de la salle de bain, tandis que l’eau coulait, Mina eut le sentiment de se dépouiller progressivement d’une seconde peau. La petite robe noire d’écolière, au col claudine blanc, chut dans un bruissement faussement discret et infiniment érotique d’étoffe froissée. Southern gothic, anachronique. Les mi-bas sombres suivirent, et finalement la brassière innocente, par- dessus la culotte, bien sûr blanche elle aussi – n’eut été (constata Mina avec impassibilité) les six pépins de grenades qui en décoraient le gousset. On aurait dit un sertissement insolent de rubis raffinés, qui contrastait singulièrement avec la banalité de la culotte. Une richesse décadente.
Très blanche sous l’éclairage blafard, ses longs membres souples à la grâce de saule pleureur se mouvant avec une tendre maladresse, Mina s’écarta du tas d’oripeaux pour mieux contempler, jeune serpent propre et frais au corps lisse, les vestiges curieux de sa mue. Avec une moue désapprobatrice, elle les écarta d’un mouvement sec, capturant au passage son reflet dans le miroir embué, craquelé malgré son cadre Empire (vestige d’un luxe familial ancien). Son regard tomba naturellement sur ses petits seins pointus, aux mamelons d’un rose délicat. Elle les pinca doucement, se tourna sur le côté pour en apprécier la courbe de profil, leur renflement orgueilleux. Elle les saisit à pleine main pour jauger leur densité. Ils ressemblaient à deux petites pâtisseries nacrées, sur lesquelles la fantaisie d’un pâtissier aurait déposé un bouton de rose de la plus exquise pâte d’amande. Sa peau toute entière était un chai latte sur laquelle flottait des fleurs et des épices – cannelle, cardamome, grains de beauté en clous de girofle. Elle ramena à elle ses cheveux, ombre miellée sur la maigreur garçonne de sa poitrine – une tâche contraignante, puisqu’il fallait détacher une à une chaque mèche, toutes retenues par une infinité de petits épingles qui criblaient son cuir chevelu, comme le torse martyr de Saint Sébastien criblé de flèches.
Sortant de sa transe absurde, Mina se pencha pour agripper le rebord en céramique de la grande baignoire qui trônait, impériale, magistrale, solitaire, au centre même de la pièce. L’objet était d’une préciosité ridicule dans la modestie nue de cette salle de bain – la maison était une ruine, globalement, mais la famille était passée maîtresse dans l’art de cacher la misère sous l’ombre d’un nom célèbre. Immense, dotée de pieds en formes de pattes de lion dorés et griffus, la vasque s’élevait gracieusement au-dessus du sol, dans une courbure massive qui rappelait à Mina les dos de dauphins sous la glace, ceux de la fontaine du parc en cette saison. Debout dans l’eau chaude, qui lui arrivait maintenant aux chevilles, un frôlement chatouilleur en haut de sa cuisse lui rappela qu’elle n’avait pas encore retiré son tampon: elle s’accroupit, saisit du pouce et de l’index la ficelle poreuse d’un turquoise délavé qui dépassait de ses lèvres ouvertes, et tira fermement dessus. Le tube de coton glissa tout seul entre ses doigts – elle saignait tellement, il était si imbibé. Elle déposa distraitement sa trouvaille à même le sol. Elle préférait les tampons aux serviettes, qui l’écoeuraient un peu, lui donnant le sentiment d’avoir en permanence le bas-ventre plongé dans un lit de fromage blanc aux groseilles. Mais ils n’étaient pas la solution idéale et, si elle devait s’écouter, elle aurait préféré mettre sa vie en pause pour rester indéfiniment à s’ébattre dans la baignoire jusqu’à la fin de son cycle, telle la fée Mélusine faisant un pied de nez à sa malédiction en contemplant les feux ardoisés que jetaient sa queue monstrueuse, nageoire étrange aux écailles de poisson ou de reptile.
Elle était une vouivre, jubilante au creux du bain.
Toutes les bulles avaient presque disparu dans l’eau auparavant mousseuse, savonneuse, de cette baignoire disproportionnée qui donnait à la toilette nocturne de Mina des allures de bain de minuit pour Bethsabée. L’eau chaude était réputée calmer la douleur et détendre les muscles et, à exactement minuit, à défaut de s’endormir elle- même, elle ne disait pas non à la possibilité d’endormir un instant les carpes koï enragées qui se battaient dans le bocal de sa matrice, les pincements de crabe tourteau intra-utérin qui contractaient l’intérieur de son sexe en une ceinture de crampes profondes. Elle se glissait avec plaisir dans le lit réconfortant, translucide, de ce petit étang domestique, nymphette du quotidien en mal de la caresse légère et incolore d’une eau qu’elle s’apprêtait, non sans une certaine délectation anticipée, à troubler. Ophélie vengeresse.
Par quelques petits gestes habiles, Mina commença à rincer délicatement ses poils pubiens, tout englués d’une tourbe noire et onctueuse. Ils ressemblaient à des algues marines qui, à mesure qu’elle les démêlait, s’étalaient en frisottis légers, subaquatiques, comme des anémones. En frottant ses doigts rouillés, la jeune fille sentit remonter à la surface l’odeur fade et doucereuse de son propre sang, rappelant l’odeur du caramel fondu dans une poêle qui commencerait à brunir. A la réflexion, songea-t- elle, amusée, l’odeur se rapprochait d’avantage du Carambar du même goût. Ou, peut- être, des roses trop mûres, prêtes à se putréfier au soleil. Elle avait déjà remarqué cela lorsque le sang qui s’écoulait d’elle nappait ses dessous d’une croûte visqueuse, qui ne séchait jamais totalement ni n’était complètement absorbée (une autre raison pour laquelle elle détestait les serviettes, ces couches humiliantes symbole de son incontinence, comme s’il s’agissait d’un fait honteux). Peut-être était-ce à cause de l’humidité câline de ses petites lèvres, corolle gourmande préservant jalousement son suc ?
Les vapeurs du bain ranimait la fragrance collante de fleur pourrissante des menstrues, lui rendant soudainement cette puissance aiguë, métallique, du sang glougloutant des blessures de guerre – la féminité est un combat dont le corps représente, pour les adolescentes, le champ de bataille. Une nausée saisit brusquement Mina, qui renversa la tête en arrière. Des filaments dorés, mèches folles au creux de sa nuque et sur ses tempes, se plaquèrent contre sa peau dans la sueur de son émotion. Elle ferma les yeux pour ne plus voir l’eau rose dans laquelle elle se baignait. Même si elle adorait ce spectacle, elle ne pouvait pas toujours le soutenir aussi bien qu’elle le pensait. Mais bientôt, craignant que l’eau maligne ne dissolve sa partie préférée du jeu, elle reprit ses esprits et se redressa, dépliant les jambes. En agitant la main près de son sexe, créant une petite trombe sous la surface, elle délogea un mince ruban au rouge vif, embryon grêle et mouvant qui flotta en circonvolutions étranges. On aurait dit un ruban écarlate, de la soie carmine, ou de la fumée de myrrhe, peut-être même une boucle rouge de la chevelure d’Ariel, la petite sirène, égarée là par le hasard d’une universelle connivence féminine. Hypnotique, il tourbillonna quelques instants, avant de disparaître, dilué, dans l’eau cuivrée – l’or rose des bagues, bracelets et colliers ras-du-cou « chokers » que Mina achetait par lot, dans les boutiques d’accessoires cheap.
***
Tirée de Vampire and Prey de Erika Lust.
En rentrant dans sa chambre, vêtue d’une simple serviette, elle eut un choc. « Il » était là (mais était-ce vraiment un « il », peut-être un « iel » ? Comme les anges, cette créature n’avait pas de sexe). Patient.e, attendant, accroupi.e sur le bord extérieur de la fenêtre, son beau visage blanc a quelques centimètres du sien. Les traits de marbre de ce visage étaient inquiétants. Lisses, marmoréens, ils étaient intemporels et figés comme ceux d’une statue, si bien que lorsque la créature – lae démon, l’échappé.e de la nuit, peu importe ce dont il s’agissait, ce qu’iel était, comment on l’appelait ici-bas ou d’où iel venait – quand iel prenait la parole, sa peau souple et élastique semblait à peine s’animer, créant une impression d’artificialité étrange. Son visage était humain, mais ne l’était pas. Iel était âgé.e de plusieurs lunes, chacune de ses caractéristiques s’était affinée, exacerbée, poussant sa personnalité physique a son paroxysme. Iel était bel de sa beauté propre, et bel d’une beauté commune à tout ceux de sa race.
Mina déglutit.
« – Invite-moi à entrer.
Elle lae regarda et ses lèvres se crispèrent en un pli nerveux. Pour rien au monde elle n’aurait voulu qu’iel entre.
– Je ne peux pas entrer si tu ne m’y invites pas. Aucun d’entre nous, même les plus puissant.e.s, ne le peut. Invite-moi à entrer, puisque c’est pour moi que tu laissais ta fenêtre ouverte.
Incapable de répondre, elle secoua négativement la tête, plusieurs fois, le teint gris. Iel sourit d’un sourire pointu.
– Regarde.
Basculant légèrement la tête en arrière, iel entrouvrit les lèvres et révéla ses dents. Des crocs minuscules, comme des éclats de verre, se détachèrent des autres, très visible malgré l’obscurité de la pièce.
– N’est-ce pas ce que tu voulais ?
Elle ne bougeait plus, en tension. Son corps ruisselait de sueur. Soudain, à la fois très vite et très lentement, très doucement, lae vampire étendit une main et effleura sa tempe. Ce fut comme d’être caressée par l’hiver. Des longs doigts glacés, légers, imprégnés du plus froid des vents du nord. Elle eut conscience du prédateur et se recula brutalement au milieu de la pièce, se rejetant en arrière. Même sans l’avoir invité.e à entrer, iel aurait pu la saisir à la gorge pour la déchiqueter de ses ongles longs, semblables à de la nacre polie. Elle hoqueta, le souffle court.
Iel avait recueilli au creux de sa paume quelques gouttes de sa peur. Iel ferma le poing, attendit quelques instants, puis le rouvrit, de sorte qu’elle puisse voir l’intérieur de sa main. Les gouttes d’eau étaient devenues des perles de glace.
– Je me ferais brouillard, fumée pour te rejoindre s’il le faut. Je peux le faire. Invite moi à entrer.
Le froid de la nuit pénétrait dans la pièce par la fenêtre grande ouverte. La bouche de Mina bleuissait et elle tremblait. Pour la première fois, elle souffrit vraiment de l’hiver.
Lae vampire, pour sa part, ne ressentait rien. Rien que son odeur à elle, chaude, vivante, plus forte à son cou et entre ses seins, discrète à ses poignets, insoutenable à son sexe. Iel ressentait la faim (quelle fin ?). Elle balbutia, cherchant ses mots.
– Qu’est-ce qui se passera si je vous laisse entrer ? interrogea-t-elle.
Iel reporta son regard pour le planter dans le sien, effrayé et docile. Iel décida de dire la vérité. En partie.
– Je te ferais sans doute mal. Je couperais tes poignets, ton cou, tes aines, et je boirais ton sang d’enfant jusqu’à la lie. Je te porterais ainsi au seuil de la mort, tout au devant d’elle.
Un temps.
– Tu es d’accord ?
Elle hésitait. Iel sourit, ses dents comme du sucre glace désormais.
– Ce que je ne te dis pas mais que tu sais, tu sens: si tu m’invites a entrer, je t’allongerais sur ce lit. Tu seras ma proie d’une toute autre manière que si je te saignais aux quatre veines. Je grifferais tout ton corps et je mordrais tes cheveux. J’ouvrirais tes jambes pour me couler entre elles et plus tu te débattras plus je me planterais en toi. Tu n’auras pas mal en vérité. Tu pleureras de bonheur. Mes dents s’accrocheront à ton cou pour te maintenir cambrée sous moi. La soie de mes vêtements se répandra au-dessus de toi.
Mystifiée, extatique, elle sentait sa résistance faillir, sa volonté s’amollir comme de la viande qu’on travaille. Une connivence électrisante semblait s’être installée entre elle et iel, un subtil mélange d’Eros et de Thanatos comme elle n’aurait osé en rêver – et elle était la Psyché perverse, pleinement consentante, de ce conte. Elle allait céder. Jamais on ne lui avait parlé comme cela, aussi crûment. Mais la créature poursuivait son récit des mille et une nuit, confirmation sanglante :
– Non, tout ça est un mensonge. Je pourrais faire tout ça. Te faire tout ça. Mais je suis vampire. Et les vampires ont du savoir-vivre. Si tu me fais rentrer, je serais taon humble serviteur, en admiration devant chaque pore de ta peau, loup devenu chien. Si tu me fais rentrer, je serais à toi. Je suis là pour toi… Parce que c’est toi qui m’as appelé.e.
Alors Mina eut sa réponse.