Guess what ? Samedi dernier, on a été invité·e·s par notre copain DJ Monique à discuter chez la radio Rinse dans son émission The Gay Agenda. Et pour notre première chronique (que tu peux réécouter ici à partir de 29 minutes), on a décidé de parler de la Pride mais surtout du besoin de repolitiser cette marche des fiertés… Oui, on voulait vous parler du mois de juin, parce que c’est pas tout à fait n’importe quel mois pour nous, les queers : le mois de juin, c’est le pride month, et dans 15 jours aura lieu la Marche des Fiertés à Paris.
Un mot d’ordre tout pourri
À l’heure où l’on emprisonne Moussa, où l’on donne la parole aux plus réac sur la question de la PMA, où les droits des personnes trans font du surplace et où le gouvernement mène des réformes franchement dégueulasses en matière de surveillance, d’éducation, d’immigration, de logement et de travail, il est plus que jamais nécessaire de rappeler que la Marche des Fiertés ne peut qu’être politique. Or cette année, devinez ce que l’Inter-LGBT a choisi de mettre en avant dans son mot d’ordre ? Le sport. #LesDiscrisAuTapis.
Parce que oui, pour rappel, le mot d’ordre choisi, un peu hallucinant, est bien celui-ci : « Les discriminations au tapis, dans le sport comme dans nos vies ! » à n’en pas douter, la tenue des Gay Games à Paris cette année n’y est pas pour rien. #Pinkwashing
Mais dans ce mot d’ordre, rien de politique. L’inter, championne de pirouette, explique que (je cite) “Nous marcherons ensemble pour l’inclusion de toutes et tous dans le sport mais aussi dans notre société, quel que soit son genre, sa sexualité, son identité, ses origines ethniques, sa situation familiale, son apparence physique, son état de santé, sa situation sociale ou ses moyens financiers.”
Bien bien bien… On est loin des revendications portées par les communautés LGBTQI en ce moment.
Pas de Pride de Nuit cette année ?
Bon, qu’on n’ait pas grand chose à attendre de l’Inter-LGBT n’est pas une nouveauté. Et jusqu’à maintenant, nous les queers énervés avions notre rendez-vous radical pusqu’on se retrouvait depuis 3 ans à la Pride de Nuit pour crier notre colère dans une pluie de paillettes. Eh bien, sachez que c’est fini. Dans un texte qu’on a relayé sur Friction, les orgas de la Pride de Nuit ont expliqué qu’elles et ils ne souhaitaient pas organiser la manif cette année.
La Pride de Nuit a été “à la fois victime de son succès et de ses propres limites, faute d’avoir su trouver les modalités de s’investir pour la faire vivre au quotidien, elle est dépossédée de son originalité et de sa propre maîtrise. Il est par exemple, frappant de constater à quelle vitesse, elle est désormais institutionnalisée.” Les orgas ont même expliqué que “Cette année ce phénomène [s’était] encore amplifié, touchant jusqu’au paradoxe de membres de l’Inter répondant aux interrogations sur leur mot d’ordre que pour une marche plus politique il y avait la Pride de Nuit, une réaction partagée par bien d’autres, notamment se réclamant d’une forme de radicalité, allant du ‘’heureusement il y a la PdN’’ à ‘’pour le politique j’irais la veille à la PdN’’. Du coup, non, cette année, il n’y aura pas de Pride de Nuit. On ne peut pas se reposer sur d’autres pour organiser nos luttes.
Alors, comme le dit le communiqué de la Pride de Nuit, il faut inventer d’autres actions. Et tout n’est pas perdu.
Avec le char gouine et trans ou le BAAM
Pour celles et ceux qui voudraient redonner un sens politique à la Pride cette année, ils et elles peuvent déjà soutenir le premier char gouine-trans de la Marche. Dans les pages virtuelles de Friction, Morello, à l’initiative du projet expliquait qu’ “au départ le char devait être uniquement “gouine”, et pendant [les] échanges avec le groupe, [elles étaient] assez mal à l’aise de se plaindre sur [leurs] conditions de femmes en contexte gay pride alors que les trans ne sont toujours pas représenté-e-s sur la Marche. […] la convergence des luttes, c’est la base.”
À quoi s’attendre? À un char foutraque bordello à l’image des soirées de Morello, un joyeux désordre revendicatif et festif. C’est le char avec lequel marcher pour soutenir les droits des gouines et des trans pendant la Pride.
“Prendre la tête” de la marche ?
Mais il est aussi possible d’avoir recours à des modes d’action un peu plus radicaux. On peut aussi se rappeler de l’action contre En Marche l’an dernier, qui avait attiré pas mal l’attention… Un groupe queer appelé le CLAQ avait interrompu la Pride en s’asseyant devant le cortège d’En Marche. Ils avaient voulu dénoncer la politique migratoire de Macron et Collomb avec une banderole qui disait “Trans pédé gouines avec les migrantEs, pas de fierté sans solidarité.” Peut-être se repassera-t-il des choses de ce genre cette année ?
Cette année, on dirait que la tendance c’est plutôt de reprendre la tête de la marche, littéralement. C’est ce qui s’est passé à Bordeaux : dans un texte publié sur Friction, le FMI, Front Monstrueux Insurrectionnel, nous raconte comment des queers bordelais ont organisé un cortège radical. La Marche des Fiertés de Bordeaux a eu lieu le 2 juin dernier, un appel à Pink Bloc avait été lancé : “et c’était la première fois qu’une tentative de re-politisation de cette manifestation avait lieu, avec une banderole, des pancartes et un cortège mouvant et anonyme qui avait réussi à prendre la tête de la manifestation, la faisant renouer avec son origine radicale.” Puisqu’en effet, comme le rappelle le FMI, la Pride, c’est le souvenir d’une émeute contre les flics.
Les teufs auxquelles on ira
Donc voilà, il y a plein de modes d’action possibles, il nous faut juste les inventer. Et c’est pas parce qu’on est vénère qu’on n’aime pas la teuf ou les paillettes, nos teufs sont politiques aussi, du coup après la marche on ira faire un tour au Peripate, par exemple, ou on ira squatter le so what avec les meufs du collectif Gamine, qui organisent une boum féministe, ou à la Mut, parce qu’il se passe toujours quelque chose de cool à la Mut.