Barbi(e)Turix : Wet for her

Barbi(e)turix : collectif connu et reconnu parmi les lesbiennes de la capitale qui édite tous les deux mois un fanzine papier auto-financé. Sur internet, c’est aussi un (tout beau, tout nouveau) site web, qui publie des typographies de lesbiennes originales et des articles visant à « bousculer les stéréotypes et promouvoir la culture féminine et lesbienne ». Organisatrices des chaudes soirées Wet For Me, nous les avons rencontrées en toute simplicité, autour d’un coquelet. Have you met >> Rag, DJ en charge de la programmation musicale et Lubna rédactrice en chef.

Barbi(e)turix : quand, comment, qui?

 

Rag : Ça a vraiment commencé en 2004 avec Katia, Denyse Juncutt (Gaston Queer Clubbing entre autres) et aussi Émilie Jouvet (collaboratrice) qui ont décidé de lancer un fanzine girly, papier à l’ancienne. Émilie faisait des photos, il y avait des illustrations, en mode photocopies (et do it yourself) c’était assez rock & roll.. d’autant plus qu’en même temps, l’électro-clash (mouvement musical, rock électro qui compte dans ses rangs Chicks on Speed ou encore Miss Kittin à ses débuts) explose. Elles décident d’organiser des soirées pour récolter des sous pour éditer leurs fanzines. Ça marche tellement bien que les « Clito Rise » à la Flèche d’or rassemblent plus de 1.000 personnes sur un format à partir de 20h avec concerts et DJ sets. Barbi(e)turix « décolle ».

Les années passent, les soirées déménagent au Social, puis au Nouveau Casino et enfin à la Machine, au fur et à mesure, les soirées en elles-mêmes dépassent le simple financement du fanzine : on s’est rendu compte qu’il y avait une vraie demande de « soirée de filles » lesbiennes en dehors du Pulp (boite lesbienne sur les grands boulevards, fermée depuis 2007).

Après, on a essayé de rester sur un créneau assez pointu, aussi bien sur la ligne éditoriale que sur la programmation des soirées. On est une quinzaine actuellement, dont un garçon qui s’occupe de la programmation, c’est un Gouin, c’est à dire un homme lesbien.

 

Et à quand Barbi(e)turix dans nos kiosques ?

barbieturix culture lesbienne

Lubna : Faut avoir de l’ambition mais il faut garder les pieds sur terre. Actuellement, nous n’avons pas les moyens de nous auto ériger média lesbien. Après si on rencontrait les bonnes personnes, qu’on trouvait des financements  on aimerait bien donner plus d’ampleur au fanzine et dans une moindre mesure au site web. On est tous bénévole, si on veut se développer, il nous faudrait des professionnels avec nous. Par exemple pour la recherche d’annonceurs et vendre des encarts pub.

Rag : En plus, on a bien compris que les annonceurs sont pas hyper friands de notre lectorat, parce que la lesbienne elle consomme pas, elle a pas un fort pouvoir d’achat, etc..mais on a quelques annonceurs quand même..
 
 

Comment définir la culture lesbienne ?

 

Lubna : C’est une culture qui s’inspire d’énormément de mouvements. Il y a très peu de référence dans la culture mainstream, donc elle se nourrit plutôt de la marginalité, de l’underground et de tout ce qui se fait en dehors de cette norme. Elle a un attrait pour la différence, elle s’identifie à des artistes qui jouent sur les codes normatifs. Concrètement, ça va être le tatouage, le rock, la culture de la nuit.

 

Il y a très peu d’artistes revendiquées lesbiennes, il y a Beth Dito et compagnie mais elles ne sont pas beaucoup. Notre but, à travers la mise en avant de la culture lesbienne, c’est de mettre en avant des artistes lesbiennes, queer qui nous touchent et qui n’ont pas encore assez l’opportunité, ou la place, de montrer leurs arts.

Beth Ditto - culture lesbienne
Beth Ditto

 

Cette « culture lesbienne » est-elle donc liée à la discrimination ? Est-elle féministe ?

 

Rag : Déjà en tant que femme dans la société, on a pas beaucoup de place.. en tant que lesbiennes on en a encore moins.. donc oui, c’est lié à une certaine forme de discrimination.

Lubna : pour moi oui, elle est féministe. Après je ne suis rattachée à aucune une organisation et on ne souhaite pas que BBX soit lié à un mouvement.. rien que parce qu’au sein du collectif il y a différents mouvements de pensées.

L’image de la lesbienne a un peu évolué ces derniers années, vous en pensez quoi ?

 

Rag : On commence à être à la mode en effet ! À la période de l’électro clash (lancement de bbx) c’était la grande mode des femmes DJettes, avec le pulp et tout. Les filles prenaient les platines. Le Pulp a beaucoup œuvré pour nous.

Lubna : Certaines figures médiatiques ont aussi permis de modifier l’image et d’abolir certains stéréotypes, comme la (fameuse) lesbienne camionneuse. Quand Jody Foster aux oscars dit qu’elle partage sa vie avec une femme, mine de rien ça aide à déconstruire des clichés. Après le revers de cette médiatisation positive, c’est cette tendance à jouer sur « la mode de l’homosexualité féminine » pour faire vendre.. ce que font beaucoup de starlettes, en couple avec leurs meilleures amies…

 

« On navigue entre deux extrêmes : la lesbienne sexy, fantasme pour les hommes et la camionneuse qui ressemble à rien. »

 

Il y a donc eu progression, mais il faut faire attention, les mentalités ne sont pas encore blanches. Chez BBX on essaye vraiment de montrer toute la diversité des lesbiennes.

Autre aspect qui est très présent dans les médias : l’homosexualité féminine serait un truc hyper doux, les câlins, les bisous. Pour nous, c’est hyper réducteur, comme si ça ne pouvait pas être violent entre deux femmes. Beaucoup de gens disent que l’homosexualité féminine est mieux acceptée et que les lesbiennes peuvent se tenir la main dans rue sans soucis. Mais en réalité, c’est juste parce qu’on reste des femmes, les lesbiennes n’existent pas, on en parle pas.
 

Avez-vous ressenti un effet « mariage pour tous » (#DirectAN)?

 

Rag : Jusqu’ici, on a toujours été plus dans la culture lesbienne du côté musique, fashion, ect…Avec tout ce qui s’est passé, on a développé un côté beaucoup plus politique, qu’on avait pas forcement avant.

 

Lubna : On s’est dit : « Si nous on le fait pas, qui le fait ? » Les associations type SOS homophobie ont parlé du point de vue des homos/lesbiennes, mais au niveau des médias, elles n’ont pas trouvé beaucoup de relais.

Par exemple pour gouines comme un camion ou ouiouioui, presque aucun média n’était présent.. par contre pour parler de la manif pour tous, tout les journalistes étaient là…

Personnellement, comme pour beaucoup, il y a eu chez moi un réveil militant et républicain en tant que lesbienne.

 

Est-ce que pour vous, comme pour gouine comme un camion, le combat n’est pas terminé ?

En cœur : Ah non.. Rien que la semaine dernière avec le report de la PMA pour 2014…
Ou sortez-vous (bars, boites, soirées) ?

On va aux soirées des copines, à la Gaston, à l’UDO, à la Kidnapping, au Rosa Bonheur.

Il n’y a plus vraiment d’endroits incontournables…Il y a le 3W, seul bar lesbien de Paris, la Mutinerie mais c’est queer…

 

On est la première capitale touristique au monde est on a un seul putain de bar lesbien.

 

Rien qu’à Londres il y a en a au moins trois. En même temps, c’est tellement difficile de monter des lieux à Paris, tout court.. alors en plus, la lesbienne n’a pas d’argent, ne rapporte pas.. en tout cas moins que les gays par exemple.. il nous manque une mécène gouine, le Pierre Berger féminin.. ! Si on gagnait au loto, Rag ouvre un bar et Lubna sort un magazine !

 

Le rituel : Qu’est ce que vous aimez sous une jupe?

Rag : J’ai bien aimé la tournée des bars, avec l’article sur l’UDO.. (cool :p)

Lubna : L’absence de culotte (sexy :p)

 

Votre fantasme du moment ?

Rag : Partir en vacances !

Lubna : Un grand festival lesbien à Paris.

Rag : Ah ouais ! C’est bien ça, pareil !

En attendant, la prochaine Wet for Me c’est samedi 13 juillet 2013 à la Machine du Moulin Rouge, et les 10 ans de Barbi(e)turix c’est bientôt, mais on ne vous en dit pas plus 😉

 

Wet For Me - Flyer de la soirée du 13 juillet 2013
Wet For Me – Flyer de la soirée du 13 juillet 2013

 

Site web :barbieturix.com

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